Voilà un bon mois que celà dure. Plusieurs quartiers de Dakar sont privés du liquide précieux. «Cette pénurie est occasionnée par des travaux de raccordement que la société est en train d' opérer sur les installations», affirme Ndiaye Diop, directeur de la communication de la Sénégalaise des eaux (SDE).
Mais cette explication ne satisfait pas les populations de plusieurs quartiers de Dakar qui exigent le rétablissement de la fourniture d’eau dans la capitale. Toutefois, Ndiaye Diop tente de se dédouaner: «Les coupures d’eau à répétition sont la conséquence d’une faute inexcusable qui doit entraîner la remise en cause du contrat d’affermage liant le Sénégal à la SDE, laquelle devrait bénéficier de l’expertise et des capacités techniques du groupe Bouygues (France), dont elle est une filiale».
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Du côté de Diéry Bâ, directeur de la distribution de la SDE, on soutient que «la demande en eau s’accroit à Dakar alors que la production ne suit pas ce rythme. Au cas où certaines zones ne seraient pas délestées, et sur la base d'une consommation moyenne de 50 litres par personne, c’est plus de 700 mille personnes qui risqueraient au quotidien de se retrouver sans eau».
Toutefois, la contestation enfle du côté des Dakarois. Mais l’alternative que la SDE a trouvée est de «conseiller aux populations d’aller s’approvisionner au niveau des points bas qu’elle a identifiés pour elles». Cet aveu de faiblesse de la part de la société en charge de la gestion de l’eau au Sénégal augmente l’inquiétude des habitants des quartiers comme Yembeul dans la banlieue de Dakar, Ouakam, Unité 8 des parcelles assainies, Patte-d’oie, Yoff, Fadia, et la liste est longue. Aucun quartier de la capitale sénégalaise n’est épargné par cette pénurie d’eau qui commence à agacer toute la population.
Les populations dans le désarroi
Tous les départements de la région de Dakar sont affectés par la pénurie d’eau. Au niveau des rares bornes fontaines où le liquide précieux coule encore, on trouve des files interminables de femmes et de jeunes venus s’approvisionner. Un tour à Bargny, dans le département de Rufisque-Bargny, permet de mieux s’en rendre compte. Habitant cette localité, suant de tout son corps en cette période de chaleur, Fatou attend son tour pour remplir son récipient.
«On ne peut pas vivre sans eau. On a besoin d’eau dans toutes nos tâches ménagères. Pourquoi la SDE nous prive de ce liquide aussi précieux», a-t-elle demandé. Si la situation perdure selon elle, d’autres problèmes vont s’y greffer. Cette femme au foyer fait allusion au manque d’hygiène au sein des familles qui peut impacter la santé des populations. Pour pousser les autorités de la SDE à trouver une solution dans les meilleurs délais, la totalité des femmes trouvées sur place n’exclut pas de «marcher jusqu’au palais de la république pour en informer le président Macky Sall».
Même son de cloche chez Awa, du même quartier. «Le manque d’eau commence à être pesant sur nous toutes. La SDE devrait opérer ces délestages à tour de rôle car l’eau distribuée par les camions citernes n’est utilisable ni pour cuisiner, ni pour s’abreuver et on ne peut pas toujours acheter de l’eau minérale», a-t-elle fait savoir.
«On est parfois obligé de passer des nuits blanches pour avoir quelques litres d’eau», a aussi fait savoir sa sœur Marième qui, pour meubler le temps d’attente, manipule son téléphone portable.
Les ouvriers du bâtiment souffrent aussi de cette pénurie qui les pousse à arrêter leurs chantiers. «Cela fait une semaine que j’ai arrêté mon chantier qui se trouve à Thiaroye (banlieue de Dakar) par manque d’eau», lance Birahim qui est en tenue de travail. «Notre patience à atteint ses limites», réagit également un de ses amis maçons. «Si le PDG de la SDE n’est pas apte à gérer l’approvisionnement en eau suffisante dans toute la capitale, il doit être démis de ses fonctions", a-t-il terminé.
La société civile prend le relais des contestations
«L’Etat du Sénégal doit sommer ses partenaires à respecter les obligations d’investissement pour un secteur aussi stratégique que l’alimentation des populations en eau potable», exige-t-on du côté de SOS Consommation.
Dans un communiqué publié ce week-end, l’Association sénégalaise de défense des consommateurs (ASDC), par la voix son président maître Massokhna Kane demande à l’Etat de prendre les dispositions nécessaire. «L’Etat doit assurer un approvisionnement correct de la capitale sénégalaise en eau, dans les plus brefs délais». Toutefois l’ASDC va plus loin et réclame «l’audit et la revision du contrat d’affermage signé avec la Sénégalaise des eaux» qui, depuis sa création le 23 avril 1996, n’arrive pas à assurer un approvisionnement continu en eau à Dakar et dans les autre villes du Sénégal.