Sénégal. Thiès: la mise en circulation des tricycles ne fait pas l'unanimité

L'introduction des tricycles divise les acteurs de la ville de Thiès.

L'introduction des tricycles divise les acteurs de la ville de Thiès.

Le 13/12/2017 à 14h31

Plus de 600 tricycles seront mis en circulation à partir du 1er janvier 2018 pour faciliter le transport urbain dans 12 régions du Sénégal. Mais dans la ville de Thiès, des voix s'élèvent contre l’adoption de ce mode de transport jugé dangereux.

A l’image de certaines autres villes du Sénégal, à Thiès, une bonne partie du transport urbain est assurée par les «taxi-motos». Communément appelés «taxis-Jakarta», ces vélomoteurs sont impliqués dans plus de 75% des accidents sur les voies urbaines.

Pour pallier cette insécurité routière, le ministère chargé de l’Emploi des jeunes, en collaboration avec le ministère des Transports terrestres et la société Diarra Sarl, ont décidé de lancer 600 tricycles répartis dans 12 des 14 régions du Sénégal.

Toutefois, certains responsables municipaux sont sceptiques. Selon Ousmane Diagne, conseiller municipal de la ville de Thiès, «les autorités locales ont décidé d’introduire de nouveaux agents de la mort dans la ville».

Avec ce moyen de transport, dit-il ironiquement, «la capitale du rail va devenir capitale des tricycles alors que nous sommes une génération qui réfléchit en termes de Métro-Tramway-TGV». Il appelle donc les habitants à refuser leur introduction. Il faut dire «non à ces gens qui roulent en Mercedes et qui veulent que les populations de la ville se mettent à 6 dans un tricycle», s’est-il offusqué.

Cependant, sa position n'est pas partagée par tous. Ainsi, selon Mamadou Clédor Fall, administrateur principal de la société Diarra Sarl, qui s’occupe de l’importation de ces tricycles, ce mode de transport a été essayé dans certaines villes nigérianes et a donné des résultats satisfaisants.

De plus, ce nouveau moyen de transport pourrait générer 15.000 nouveaux emplois. Un chiffre amené à s'accroître, car dit-il, «des mécaniciens et des fabricants de bâches pour couvrir les tricycles seront formés pour accompagner le processus».

Assane Djigal, porte-parole de l’Association des conducteurs de motos-jakarta de Thiès, accueille favorablement la nouvelle: «Les conducteurs adhèrent à ce projet parce que la sécurité sera renforcée et que la clientèle pourrait s'accroître», a-t-il affirmé. Il base son argumentaire sur le fait qu’une certaine catégorie de personnes qui craignait les «taxi-jakarta» va maintenant emprunter les tricycles.

Par Mamadou Awa Ndiaye (Dakar, correspondance)
Le 13/12/2017 à 14h31