G5 Sahel: l'Algérie perçoit la force régionale comme une menace marocaine

"L'Algérie est la bienvenue au sein du G5 Sahel", selon Emmanuel Macron, mais visiblement le message ne passe pas à Alger.

L'Algérie est la bienvenue au sein du G5 Sahel, selon Emmanuel Macron, mais visiblement le message ne passe pas à Alger. . DR

Le 15/12/2017 à 16h41, mis à jour le 15/12/2017 à 16h53

Selon un site proche des généraux algériens, si les monarchies du Golfe consentent à financer la force du G5 Sahel, c'est peut-être pour que les soldats marocains interviennent aux portes de l'Algérie.

Malgré son budget militaire de 10 milliards de dollars annuels, l’Algérie a peur du G5 Sahel. Les généraux de l’avenue Ali Khoudja, au centre-ville d’Alger, ne cachent plus leur agacement face à ce qu’ils appellent une force créée et soutenue par la France. La suspicion est telle qu’un site d’information réputé très proche de l’armée algérienne s’interroge sur les raisons pour lesquelles les couronnes du Golfe ont consenti à financer cette force naissante.

Cette semaine, alors que les dirigeants du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et du Mali se sont réunis à Paris avec Emmanuel Macron pour lever des fonds, ledit site n’a pas manqué de demander pourquoi Riyad et Abu Dhabi ont offert 130 millions de dollars à cette armée de "10.000 hommes créée à l’initiative de le France" juste aux portes de l’Algérie. 

Sous un titre évocateur, le site s’interroge: "Etrange intérêt pour le Sahel: qu’est-ce qui fait courir les monarchies du Golfe?". Et tout au long de son analyse, l’auteur rappelle de différentes manières que cette force n’est finalement qu’un prolongement de la France.

Pire, le fait que les monarchies du Golfe soutiennent à ce point le G5 Sahel est perçu par les généraux algériens comme un cheval de Troie qui fera entrer le Maroc sur la scène sahélienne, à un jet de pierre de Tamanrasset. L’article pose ainsi une série de questions rhétoriques qui n’attendent aucune réponse, en fin de compte, puisque l’auteur s’est déjà fait une religion. "Est-ce à dire que des troupes de l’alliance de pays islamiques, incluant des forces marocaines qui participent aux bombardements du Yémen, seront présentes au Sahel pour lutter contre le terrorisme? Que viennent faire l’Arabie Saoudite et les Emirats au Sahel? L’Algérie aura à ses frontières sud une formidable force militaire, est-ce normal tout ça?".

Ces inquiétudes infondées illustrent à la fois la paranoïa algérienne et le manque de volonté pour contribuer un tant soit peu à la lutte contre le terrorisme de manière concertée avec les pays d’Afrique subsaharienne. Nombre d'observateurs se demandent pourquoi Alger tourne le dos à cette force. On comprend qu'avec une telle méfiance, il ne faut pas s'attendre à ce qu'elle y prenne part. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 15/12/2017 à 16h41, mis à jour le 15/12/2017 à 16h53