Sénégal. Autoroute à péage: l’arnaque d’Eiffage dénoncée

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Le 19/05/2018 à 12h24, mis à jour le 19/05/2018 à 12h31

Le groupe Eiffage n’a pas financé l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio. Pourtant, il a bénéficié d’un contrat de gestion de 30 ans et applique des tarifs prohibitifs sans respecter le cahier des charges. Un influent journaliste dénonce et adresse une lettre au président Macky Sall. Eclairage.

C’est «le plus gros scandale financier depuis l’indépendance du Sénégal», dixit Cheikh Yérim Seck, influent journaliste sénégalais qui s’est penché sur cette autoroute qui cristallise tout le mécontentement des sénégalais pour diverses raisons.

Dans une lettre ouverte adressée au président Macky Sall, le journaliste appelle le président à mettre fin à cette arnaque orchestrée par Gérard Sénac, Directeur général de la société Eiffage Sénégal, gestionnaire de l’autoroute.

Dans sa lettre, le journaliste égrène les arnaques. D’abord, «je passe sur le montage du projet qui a occasionné le vol d’au moins 37 milliards de francs CFA du Sénégal par Gérard Sénac qui n’a pas investi un seul penny. Ce businessman a construit l’autoroute avec au maximum 50 des 87 milliards que l’Etat lui a remis et a fait main basse sur le reste», a t-il dénoncé.

Partant, il souligne que c’est une aberration de laisser la gestion de cette infrastructure à la société Eiffage sachant que le cahier des charges stipule que l’entreprise titulaire de la concession doit concevoir, financer, construire, exploiter et entretenir l’autoroute.

Or, continue Cheikh Yérim Seck, «c’est le Trésor public sénégalais qui l’a fait à sa place. Après n’avoir rien financé, cette entreprise s’est vue accorder l’exploitation de l’autoroute pour 30 ans, soit la durée maximale».

Ensuite, le journaliste explique qu’Eiffage applique des tarifs exorbitants. Citant les exemples des tarifs appliqués sur les autoroutes du Maroc et de la Tunisie. Alors que le kilomètre d’autoroute est facturé pour l’équivalent de 5,5 francs CFA au Maroc et 10 francs CFA en Tunisie, sur la base des 1.400 francs pour 20 km, au Sénégal le kilomètre revient à 70 francs, soit 12,72 fois le tarif appliqué au Maroc.

En outre, alors que les prévisions tablaient sur un trafic de 40.000 voitures par jour, l’autoroute enregistre un trafic de 60.000 véhicules quotidiennement.

Ainsi, explique Cheikh Yérim Seck, «même si Gérard Sénac avait déboursé la somme qu’il prétend avoir investie, il suffit de faire le calcul pour se rendre compte qu’il a fini d’amortir cet investissement fictif et d’engranger un bénéfice conséquent».

Partant de tout ces griefs et le non respect du cahier des charges, notamment en ce qui concerne l’éclairage de l’autoroute, le journaliste demande ainsi au président Macky Sall de respecter la promesse qu’il avait faite aux Sénégalais le 7 mai 2018, à l’occasion du décès accidentel de Papis Baba Diallo, du groupe «Gélongal». Le président avait expliqué qu’il compte revoir le contrat qui lie l’Etat du Sénégal à la société française Eiffage.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 19/05/2018 à 12h24, mis à jour le 19/05/2018 à 12h31