Popenguine: l’archevêque de Dakar tance les politiques sénégalais

L'archevêque de Dakar

L'archevêque de Dakar. dr

Le 22/05/2018 à 11h25, mis à jour le 22/05/2018 à 11h27

Monseigneur Benjamin Ndiaye rappelle les hommes politiques sénégalais à l’ordre et leur demande de bannir la violence verbale de leurs discours. «Le terrain politique est devenu un champ de bataille au lieu d’un terrain de croissance positive d’une nation», constate-t-il.

A mesure qu'approche l'échéance électorale de février 2019, les hommes politiques sénégalais se montrent de plus en plus violents dans leurs propos, exploitant la moindre situation pour appeler à la résurrection. Pour apaiser le climat, l’archevêque de Dakar donne une véritable leçon de vie aux hommes politiques à qui il recommande de retirer la haine de leurs discours avant qu'elle ne mène à la violence physique. Mgr Benjamin Ndiaye s'exprimait à l’occasion du 130e anniversaire du pèlerinage au sanctuaire marial de Popenguine.

«Aujourd’hui, il est difficile de se prévaloir d’une culture sénégalaise bien ancrée dans la religion quand les principes fondamentaux de la protection de la vie, du respect de l’autre et de la promotion du bien commun sont bafoués», a d’emblée remarqué le chef de l’Eglise catholique au Sénégal, en ce lundi de Pentecôte.

A l'instar des organisations de défense des droits de l’Homme et de religieux de différentes confessions, l’archevêque de Dakar a déploré à son tour les tueries d'enfants, d'étudiants et d’autres citoyens.

«Difficile de ne pas s’indigner de toutes ces violences exercées sur des enfants innocents à des fins inavouées, tout comme la lutte effrénée qui mine le terrain politique devenu aujourd’hui un champ de bataille au lieu d’un terrain de croissance positive d’une nation, à la place du terrain de débat opportun, vrai, pertinent et civilisé qu’il devrait être», a regretté le religieux.

Selon le chef de l’Eglise catholique au Sénégal qui s’adressait aux fidèles et à l’ensemble des citoyens sénégalais, «les orientations ne manquent pas pour apprendre à dire oui comme Marie, pour discerner le oui de Dieu dans nos différents choix de vie et pour faire de notre vie un chemin ouvert aux autres».

Cette homélie de l’archevêque de Dakar a été prononcée le lendemain de la publication du rapport critique sur le Sénégal du Comité de l’Organisation des Nations unies (ONU) contre la torture.

Dans ce 4e rapport, le Comité contre la torture de l’ONU, les dix experts indépendants ont épinglé le Sénégal. Entre autres griefs, ils reprochent au Sénégal: «les longues détentions, les gardes à vue prolongées et les interrogatoires des détenus sans la présence de leurs avocats».

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 22/05/2018 à 11h25, mis à jour le 22/05/2018 à 11h27