Les habitants des villages du Gandiol, dans la région de Saint-Louis sont plus que jamais en sursis. Le canal de délestage creusé pour éviter la montée des eaux dans la Langue de Barbarie s’agrandit année après année. Large de seulement 3 mètres en 2003, cette brèche est actuellement grande de 5,3 kilomètres et sa largeur pourrait passer à une dizaine de kilomètres dans les mois à venir. A ce rythme, c’est toute la ville de Saint-Louis qui risque de disparaitre si les autorités n’y prennent pas garde.
Cette fois-ci, l’alerte n’est pas seulement donnée par les populations sinistrées de la ville tricentenaire mais aussi par les scientifiques. Les résultats des travaux du géographe, Dah Dieng, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, sont sans appel. Selon lui, «l’évolution de la brèche creusée en 2003 pour sauver Saint-Louis de la montée des eaux du fleuve Sénégal est plus que jamais inquiétante».
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Pour endiguer ce problème qui pourrait être à l’origine d’une catastrophe écologique dans la ville nord du Sénégal, les pouvoirs publics devraient s’activer sans attendre. Afin de trouver une solution à ce problème, le professeur Dah Dieng préconise «le dragage d’un chenal ». Il y va ainsi de la sécurité des pêcheurs mais aussi des populations menacées de voir toute leur ville disparaitre sous les eaux.
Il convient de rappeler qu’en 15 ans, plus de 300 pêcheurs ont perdu la vie dans cette brèche creusée, en 2003, pour éviter les effets de la crue du fleuve Sénégal.
Pire encore, annonce le professeur Dieng, «une autre brèche pourrait s’ouvrir à tout moment dans la commune de Ndiabène Gandiol, à quelques kilomètres de Saint-Louis». «Cette embouchure va passer de 5,3 kilomètre à une dizaine de kilomètre, ce qui serait une véritable catastrophe pour Saint-Louis», alerte-t-il.