L’imam Mame Tafsir Ndiour de la grande mosquée Moussanté de Thiès (à 70 km de la capitale, Dakar), a, comme à son habitude, tenu cette occasion qu’offre la prière de la Tabaski, pour revenir sur l’actualité sénégalaise marquée par «l’arrestation massive» d’opposants, de journalistes et de lanceurs d’alertes sur les réseaux sociaux.
Il a vivement dénoncé, dans son prêche, l’article 254 du Code pénal qui promet des poursuites judiciaires contre les auteurs d’offense au chef de l’Etat.
«Des gens qui n’ont fait qu’émettre leurs opinions sont faussement accusés et embastillés sous la base de cet article comme pour faire fi de l’évidence qui veut que le président de la République et tous ceux qui ne sont pas avec lui ont en commun leur appartenance à ce pays et l’amour qu’ils lui vouent tous. Tous les Sénégalais, de quelque bord qu’ils se situent, nourrissent la même ambition de travailler pour la paix, la stabilité et le développement de ce pays. Même s’ils ne parlent pas le même langage, ils ont tous le même objectif. La diversité est une richesse et nul n’a le monopole du patriotisme», a martelé l’imam.
Lire aussi : Sénégal. Tabaski 2017: les Imams sermonnent les hommes politiques
Ce guide religieux a en outre rappelé que depuis quelques mois au Sénégal, on assiste à l’arrestation d’hommes politiques, et membres de la société civile qui sont critique à l’égard de la politique du président Macky Sall et à son gouvernement.
C’est le cas de Khalifa Sall, ex-maire de Dakar, des activistes Guy Marius Sagna et du journaliste-consultant Adama Gueye.
Leur point commun est d’être opposés à la politique du chef de l’Etat dans sa manière de gouverner et de gérer les ressources naturelles du pays.
A propos de la gestion des ressources naturelles du Sénégal, notamment le pétrole et le gaz, Mame Tamsir Ndiour a aussi évoqué l’affaire Pétro-tim, dans laquelle Aliou Sall, frère du président Macky Sall, est cité dans un reportage de la BBC.
Dans cette émission, la chaine anglaise avait évoqué une corruption entre la firme britannique BP et Pétro-Tim. Et Aliou Sall aurait reçu, à l'occasion de cette transation, un versement de 250.000 dollars dans cette affaire, et aurait servi d’intermédiaire dans ce scandale qui secoue actuellement le Sénégal.
Lire aussi : Sénégal: ces activistes que le gouvernement de Macky Sall veut réduire au silence
«Le pétrole a été découvert dans ce pays et est exploité depuis longtemps sans que personne n’en parle car beaucoup l’ignoraient. Arrêtons de considérer cette ressource comme une malédiction. Loin d’être une malédiction, c’est un don de Dieu. Elle devient bénédiction si son exploitation se fait dans une bonne gouvernance et dans la spiritualité», a poursuivi l’imam.
Il a donc prôné une transparence dans la gestion de toutes ressources naturelles et trouvé très gênant le silence observé par les autorités dans cette affaire, ainsi que celui des dirigeants des dirigeants de Petrosen, censés mieux maîtriser la gestion des ressource pétrolières et gazières du Sénégal.
Selon lui, cette gestion quelque peu ténébreuse des ressources naturelles de la part des proches du pouvoir et le silence coupable de ceux qui connaissent mieux le pétrole et le gaz, pourrait mener au pire, comme c’est le cas dans plusieurs pays africains, producteurs de pétrole.