Enlever et assassiner sauvagement un nourrisson d'à peine un an: l’acte est innommable et incompréhensible, mais c'est arrivé à Niakhar dans le département de Bambey, à 150 km de Dakar. Miya Ndiaye qui s’était proposée à assurer la garde de l’enfant pour sa maman occupée aux travaux ménagers, s’était vite éclipsée.
Son absence prolongée avait fini par inquiéter la mère et les proches de l'enfant qui vont conclure à l'enlevement. Les recherches menées vont malheureusement confirmer leurs doutes et pire encore. Le nourrisson sera retrouvé baignant dans son sang sur le chantier d'une maison en construction.
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Arrêtée après ce forfait, elle s’était emmurée dans un silence totale laissant croire qu’elle avait perdu la tête. Mais sous la pression des enquêteurs, elle finit par leur servir une version incroyable. Ainsi d’après elle, un féticheur serait le commanditaire du meurtre de Ngor Senghor, du nom de ce bébé qu’elle a enlevé et tué.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, les enquêteurs s’étaient orientes sur cette piste qui a conduit à l’arrestation du nommé Alioune Badara Niang. Selon Libération, le féticheur qui a été arrêté dans une célèbre cité religieuse, a intrigué les enquêteurs lors de sa garde à vue. Par ailleurs, une perquisition effectuée à son domicile a permis de mettre la main sur un impressionnant arsenal mystique.
Quant à la présumée meurtrière, Miya Ndiaye, elle aurait déclaré que le “marabout” lui a fait croire qu’il pouvait faire d’elle une milliardaire à condition qu’elle tue un enfant. C’est ainsi qu’elle a accompli son acte odieux sous la pression du charlatan qui la harcelait au téléphone au moins trois fois par jour. Il lui a fait croire, selon elle, que si elle ne faisait pas ce sacrifice, elle serait hantée, toute à vie par les “djinns”. Des allégations démenties par le féticheur lors de son inculpation.
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Cette enquête incroyable qui n’a pas encore livrée tous ses secrets, intrigue les forces de l’ordre qui sont habituées à travailler sur la base de preuves scientifiques.
Mais il faut dire que ce mode de défense est fréquent au Sénégal: le dernier en date et pas moins célèbre est le procès de l’assassinat de Fatoumata Matar Ndiaye, la vice-présidente du Conseil économique social et environnemental.
Son meurtrier avait déclaré au tribunal avoir agi sous l’ordre d’un féticheur qui lui exigeait de boire le sang de la victime. Ce qui n’a pas empêché le tribunal de le condamner à la prison à perpétuité.