Hissène Habré, 78 ans, qui a dirigé le Tchad de 1982 à 1990, a été condamné le 30 mai 2016 à la prison à vie à l’issue d’un procès sans précédent à Dakar, après avoir été déclaré coupable de crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement.
Une commission d’enquête tchadienne a chiffré à 40.000 morts le nombre des victimes de la répression sous le régime Habré.
Renversé en 1990, l’ex-président tchadien avait trouvé refuge au Sénégal, où, sous la pression internationale, les conditions de son procès avaient été créées. Il y avait été arrêté en 2013 et inculpé par un tribunal spécial instauré en coopération avec l’Union africaine.
Depuis sa condamnation, il purge sa peine dans un établissement pénitentiaire du Cap Manuel, à la pointe de la presqu‘île où est située la capitale sénégalaise.
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Le 26 mars, son avocat, Mamadou Diawara, a formulé une demande de permission de 60 jours, indique une ordonnance du juge de l’application des peines au Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, dont l’AFP a obtenu une copie lundi soir.
L’avocat appuyait sa requête sur le fait qu’en raison de la pandémie de Covid-19, Hissène Habré, du fait de son âge, est “particulièrement vulnérable” à une contamination en milieu carcéral, selon le texte de l’ordonnance.
Dans ses attendus, le juge relève que la prison du Cap Manuel a été choisie par les autorités sénégalaises, dans le cadre de la stratégie de riposte à la pandémie de Covid-19, pour “recevoir toutes les personnes nouvellement placées sous mandat de dépôt” et que celles-ci y seront détenues à l’isolement pendant la durée de leur quarantaine, mesure de précaution pour éviter d‘éventuelles contaminations en milieu carcéral.
La sortie temporaire de l’ex-président tchadien “augmenterait automatiquement la capacité d’hébergement de la prison”, tandis que sa présence “est de nature à handicaper les efforts déployés par l’administration dans ce combat”, souligne le juge, Boubacar Ndiaye Fall.
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Dès lors, il accorde une “permission de sortir d’une durée de 60 jours à Hissène Habré” et stipule qu’il devra en jouir dans sa résidence de Ouakam, un quartier résidentiel de Dakar, selon l’ordonnance.
“Hissène Habré réintègrera l‘établissement pénitentiaire du Cap Manuel, immédiatement, à l’expiration de l’autorisation de sortir”, indique également le juge de l’application des peines.
Dans un communiqué publié le 1er avril, l’Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré (AVCRHH) avait estimé que “la crise sanitaire ne doit pas servir d’excuse à la libération anticipée de Hissène Habré”.
“Depuis sa condamnation, ses soutiens réclament sa libération pour des motifs fallacieux, comme de fausses rumeurs de maladie. La pandémie du Covid-19 a entraîné de nouveaux appels pour sa libération”, relevait l’association des victimes.
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Or, selon elle, “il n’est pas en contact avec d’autres détenus et ne risque donc pas d‘être contaminé à cause de la promiscuité qui existe dans beaucoup de prisons”. “Il semble donc suffisamment protégé du virus”.
“La présence de Hissène Habré en prison est donc toujours justifiée, d’autant plus qu’il continue de refuser d’indemniser ses victimes”, dont “beaucoup vivent dans la précarité et n’ont pas accès aux soins médicaux”, soulignait l’association.
Le Sénégal a enregistré 226 cas confirmés de Covid-19 et déplore deux décès.