Passe-droits, corruption, diktat politique.. une convention à Libreville pour réformer la justice

La réforme de la justice gabonaise en marche.

Le 23/11/2023 à 14h19

VidéoSouffrant de plusieurs tares, le système judiciaire gabonais est soumis à l’examen de 300 praticiens qui devront, au terme de quatre jours de consultations, livrer leur diagnostic afin «d’opérer une mue qualitative et de reconquérir la confiance des populations», selon le vœu du Premier ministre qui supervise l’auscultation.

Avocats, magistrats, juges constitutionnels et huissiers ont rendez-vous avec l’histoire. Ils doivent repenser la justice du pays pour l’adapter aux exigences des temps actuels. Et pour cause, Libreville abrite quatre jours durant la première Convention annuelle du système judiciaire avec l’ambition objectif de réformer le système judiciaire.

Pour le Garde des Sceaux, ce symposium est une contribution à la restauration des institutions. «Il devrait participer à l’élaboration de la stratégie de la transition pour la réforme du système judiciaire qui vise à garantir l’accès au droit et à une justice de qualité pour tous» a dit, Paul-Marie Gondjout.

Placées sous le parrainage du président de la transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, les Assises de la convention de la justice ont été ouvertes par le Premier ministre Raymond Ndong Sima. Le chef du gouvernement n’est pas allé par quatre chemins pour faire le constat: une justice qui a failli, commettant de nombreux abus d’autorité. «Depuis longtemps, chacun a compris que celui qui a le pouvoir a tendance à en abuser» a déclaré Raymond Ndong Sima.

Invités du symposium, les responsables de l’ONG SOS prisonniers a plaidé la cause de la population carcérale. «SOS prisonniers lutte pour que les lois soient mises en œuvre. Pour que les procédures d’incarcération soient aussi respectées lorsqu’il s’agit de la libération d’un détenu. Il ne faut pas être prompt à incarcérer et lent à libérer. Voilà pourquoi les prisons sont surchargées», a déploré Firmin Ollo, secrétaire général de l’ONG.

La surpopulation carcérale est l’un des facette d’une justice en mal d’humanisme. On pointe en outre, la très faible indépendance de la justice vis-à-vis du politique, son absence d’impartialité et l’insuffisante formation professionnelle et morale des magistrats.

Sidonie Flore Ouwé, magistrate hors hiérarchie et ancienne procureure du tribunal de Libreville, aujourd’hui, chargée de la formation continue, reconnaît les faiblesses du système judiciaire de son pays. «Au delà de ce que vous pouvez imaginer et qui n’est pas étranger à l’environnement de la justice, c’est-à-dire la corruption, il y aussi les conditions de recrutement, la formation des magistrats qui ne tiennent pas compte de leur carrière. Il faut les alimenter avec des nouveaux droits qui naissent», plaide-t-elle.

C’est une rencontre de bonne facture appréciée par les participants venus d’horizons divers. «Ce qu’il faut retenir, c’est la volonté des autorités de moderniser la Justice dans tous ses aspects», a commenté le juge consulaire, Ernest Akendengue-Tewelyo, qui suggère la création d’une Cour d’appel de commerce.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 23/11/2023 à 14h19