La pandémie du coronavirus, inattendue, a bouleversé les calculs prévisionnels des stratèges et des économistes qui orientent ou conseillent les stratégies politiques décidées pour l'activité des économies des pays africains.
Les pays du continent, du moins les plus affectés par cette crise qui montre déjà ses effets, se retrouvent devant cette situation imprévue, comme les pays des quatre autres continents, où le coronavirus aura des conséquences sanitaires, sociales et économiques importantes.
Toutefois, dans les pays en développement, dont ceux d'Afrique, les responsables politiques auront plus de difficultés à faire face aux effets de cette crise déjà annoncée, à cause de la faiblesse de leurs moyens.
Heureusement, comme au Maroc, pays pionnier en matière de lutte contre le coronavirus en Afrique, des mesures adéquates ont été rapidement prises afin d'atténuer les effets de cette pandémie et de ses conséquences sur la société et l'activité économique.
Plusieurs pays du continent ont ainsi instauré des fonds spéciaux afin d'affronter le Covid-19 et ses conséquences socio-économiques. Le Maroc, premier pays à lancer un Fonds spécial pour la gestion de la pandémie Covid-19, annoncé par le roi Mohammed VI, a, dès sa création, doté ce fonds d'une enveloppe budgétaire de 10 milliards de dirhams, soit un peu plus de 1 milliard de dollars, ponctionnée sur le budget de l'Etat.
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Bénéficiant par la suite de dizaines contributions, le montant dont dispose ce Fonds dépasse aujourd’hui la barre des 30 milliards de dirhams, et ce, en tenant compte de l’affectation prélable de 10 milliards de dirhams sur le budget général de l’Etat.
Le Fonds dispose donc du triple de l’objectif initial, grâce, entre autres, aux dons de l’Union européenne (4,5 milliards de dirhams), du groupe OCP (3 milliards de dirhams), du Fonds d’Investissement Al Mada (2 milliards de dirhams), de l’Association des régions du Maroc (1,5 milliard de dirhams), de plusieurs oligarques de renom, d'institutions bancaires, d'entreprises privées, d'institutions et d'organismes publics, mais aussi de particuliers.
Les premiers décaissements de ce fonds, d’un montant de 2 milliards de dirhams, ont été affectés au renforcement du dispositif médical afin de d'affronter l'épidémie de Covid-19 dans le royaume, avec l’achat d’équipements médicaux et hospitaliers (lits de réanimation, respirateurs, kits de prélèvement, kits testeurs, équipements d'appareils de radiologie et d'Imagerie par résonance magnétique, etc.), l’achat de médicaments et le renforcement des moyens de fonctionnement dont disposent le ministère de la Santé.
En plus des moyens financiers dont dispose ce Fonds, les autorités marocaines ont également mis en place un Comité de veille économique, dont les membres sont en charge de suivre l’évolution de la pandémie et de déterminer collégialement les mesures à prendre afin de limiter les impacts négatifs de cette crise sanitaire et de faciliter une reprise de l'activité économique.
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D’autres pays dans le continent ont également lancé un fonds afin de faire face à la pandémie et à ses conséquences.
C’est le cas de la Tunisie, où le gouvernement a annoncé un plan d’aide de 2,5 milliards de dinars, soit 800 millions d’euros, pour soutenir les entreprises et aider les habitants confrontés aux effets de cette crise.
De ce montant, 700 millions de dinars seront affectés à la restructuration des entreprises sinistrées, 500 millions de dinars seront dévolus à une ligne de garantie qui permettra de faciliter les emprunts que pourraient contracter des entreprises mises en difficultés par les effets du coronavirus sur leur activité, et 150 millions de dinars seront consacrés à aider les «catégories sociales fragiles», dont les revenus mensuels ne dépassent pas 1.000 dinars tunisiens, soit 315 euros, et pour lesquels les pénalités de retard et les coupures de la distribution d’eau et d’électricité à leur domicile pour cause d'impayés sont suspendues.
En Egypte, le président Abdel Fattah Al-Sissi a ordonné au gouvernement d’allouer 100 milliards de livres égyptiennes, soit l’équivalent de 6,4 milliards de dollars, à un Fonds dédié à financer une stratégie anti-coronavirus.
Ce fonds vise à soutenir les entreprises affectées par les effets de cette crise sanitaire, ainsi que les habitants du pays qui subissent les conséquences de cette pandémie. Nommé «Vive l’Egypte», ce fonds, qui reçoit des dons dédiés à faire face aux conséquences de la pandémie du coronavirus, a été institutionnalisé sur décision de l'Etat afin de permettre de faire face à d'autres catastrophes et d'autres éventuelles crises que pourraient affronter le pays.
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Le Sénégal aussi a annoncé la création d'un Fonds de riposte et de solidarité, d’un montant de 1.000 milliards de franc CFA, soit environ 1,52 milliards d’euros, qui permettra d'atténuer les effets du coronavirus sur l’activité économique du pays et sur ses habitants.
Le gouvernement sénégalais va affecter 64 milliards de francs CFA, soit environ 104,5 millions de dollars à ce fonds, qui va soutenir les secteurs d'activité affectés par le coronavirus (le tourisme, le transport aérien, la restauration, l'industrie, les médias, etc.). De même, une enveloppe de 50 milliards de FCFA (soit 75 millions d’euros) sera affectée à l’achat de vivres pour une aide alimentaire d’urgence.
En plus de l’apport budgétaire initial de l’Etat, ce fonds bénéficiera de contributions de partenaires au développement du sénégal et des bonnes volontés, appelées à se manifester.
En Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara a annoncé la création d’un Fonds dédié à la lutte contre le coronavirus, d’un montant de 95,8 milliards de FCFA (146 millions d’euros), qui vise à soutenir l’activité économique ivoirienne, et à «soulager les populations», a souligné le président.
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Par ailleurs, parallèlement à l'instauration de ces fonds spéciaux pour affronter les conséquences de la pandémie, les Etats d'Afrique ont pris de nombreuses autres mesures.
Ainsi, les banques centrales de nombreux pays (dont le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie, l'Afrique du Sud, etc.) ont abaissé leur taux directeur et réduit le taux des réserves obligatoires pour permettre aux banques de se refinancer à moindre taux, afin de pouvoir injecter davantage de liquidités dans l’économie. Les Etats d'Afrique ont également été nombreux à demander aux banques commerciales en activité dans leur pays de reporter les remboursements des échéances des dettes bancaires dues, et aussi demandé à ces banques d’accorder des crédits garantis aux Très petites entreprises (TPE).
En ce qui concerne les Caisses de sécurité sociale, plusieurs pays ont annoncé la suspension du paiement des charges sociales des entreprises en difficulté, notamment pour les TPE et les PME.
De même, plusieurs pays ont annoncé des mesures fiscales en faveur des Très petites entreprises, afin de les soutenir pour qu'elles puissent dépasser cette période de crise sanitaire et économique.