La Tunisie drague les touristes chinois en les dispensant de visa

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Le 17/02/2017 à 13h36, mis à jour le 05/03/2017 à 18h14

La Tunisie vient de supprimer le visa pour les touristes chinois. Il s’agit de la seconde mesure visant à attirer davantage de ressortissants chinois sur son territoire, depuis le début de ce mois de février. Il faut dire que la Chine est le premier émetteur de touristes au monde.

Depuis hier, les touristes chinois qui souhaitent se rendre en Tunisie n’ont plus besoin de visa. Ils doivent tout simplement se munir d’un billet aller-retour et d’une réservation d’hôtel pour un séjour ne dépassant pas les 90 jours.

Avec cette mesure, les autorités tunisiennes tentent de séduire les touristes chinois, après avoir réussi à attirer, grâce à une politique agressive et des promotions, un nombre record de touristes russes en Tunisie en 2016: 623 000 touristes (+1000%).

La suppression du visa pour les touristes chinois s’inscrit dans une démarche globale des autorités tunisiennes visant à se rapprocher de la Chine. Ainsi, depuis le 1er février courant, le yuan chinois fait partie de devises de la réserve de la Banque centrale tunisienne. En adoptant le yuan dans son panier de réserves de devises, à côté de l’euro, du dollar et du yen, outre la volonté de doper ses échanges commerciaux avec la Chine, la Tunisie essaye aussi et surtout d’attirer les touristes chinois qui n’auront plus à changer leur monnaie contre des devises pour se rendre en Tunisie étant donnée que la monnaie chinoise est désormais convertible sur le marché tunisien.

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Avec ces deux mesures, les autorités et les professionnels tunisiens du tourismecomptent séduire le marché chinois, le plus grand émetteur de touristes au monde avec 100 millions de touristes personnes voyageant à travers la planète. Pour l'heure, la Tunisie n’a pu attirer que 7.396 touristes en 2016, un chiffre en hausse de 94% par rapport à 2015 mais qui reste plus que négligeable.

Si les professionnels du secteur et les autorités tunisiennes arrivent à attirer des touristes chinois en nombre, le secteur touristique, un des poumons de l’économie tunisienne, pourra de nouveau afficher des performances identiques à celles d’avant la révolution et redevenir un vecteur du développement économique, créateur de valeur et d’emplois. 

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Toutefois, il faudra aussi convaincre les Tours opérateurs chinois de programmer la Tunisie dans leurs circuits, comme ce fut le cas avec les Russes. Et sur ce terrain, les autorités tunisiennes essayent de convaincre les opérateurs touristiques et les compagnies aériennes chinoises en leur faisant miroiter le rôle de hub que pourrait jouer l’aéroport de Tunis pour les trajets direction de l’Afrique subsaharienne et du Maghreb.

Par ailleurs, des actions doivent être lancées pour former des guides à la langue chinoise et inclure la gastronomie chinoise dans les cartes des hôtels. En clair, il faudra adapter le produit touristique tunisien aux attentes des Chinois. Des partenariats ont commencé à naître entre les deux pays. C’est le cas pour l’Institut du tourisme de Sousse et l’Ecole hôtelière à Ningxia en Chine.

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Après avoir enregistré 7,83 millions d’arrivées en 2010, à la veille du Printemps arabe, la Tunisie a vu le nombre de ses touristes diminuer annuellement à cause de la situation politique et géopolitique dans la région. Le terrorisme et les attaques du Musée du Bardo et de Sousse ont porté un sérieux un coup dur au secteur touristique qui a vu ses chiffres baisser. Seulement 5,36 millions de touristes en 2015. Toutefois, grâce à une politique agressive sur le marché international, notamment russe, le pays a enregistré une année 2016 plus positive, avec 5,7 millions d’arrivées.

En clair, le tourisme tunisien renaît. L’agressivité sur les nouveaux marchés émetteurs que sont la Russie et la Chine peut accélérer la reprise du secteur. Toutefois, à cause de l’insécurité et du terrorisme, la Tunisie ne parvient pas à retrouver ses niveaux de fréquentation d’avant la révolution, et ce malgré la nouvelle dynamique que connaît le tourisme mondial.

Par Karim Zeidane
Le 17/02/2017 à 13h36, mis à jour le 05/03/2017 à 18h14