Après moult reports et tergiversations, une mission du Fonds monétaire international (FMI) a séjourné en Tunisie du 7 au 18 avril courant.
Le constat des experts du Fonds est sans équivoque. Dans un communiqué précédant le rapport de mission, l’équipe du FMI dirigée par Björn Rother, chef de mission FMI pour la Tunisie, a souligné que l’économie tunisienne est confrontée à de redoutables défis. Les déficits budgétaire et extérieur ont atteint des niveaux jamais atteints. Pour le déficit budgétaire, la cause principale demeure le niveau de la masse salariale, laquelle rapportée au PIB présente un des ratios les plus élevés du monde. Une situation de déséquilibre qui a poussé le gouvernement à recourir à l’endettement pour faire face au déficit budgétaire accroissant du même coup la dette publique à 63% du PIB à fin 2016.
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Au niveau extérieur, le déficit commercial continue de se creuser. A titre d’illustration, sur les deux premiers mois de l’année en cours, celui-ci a été déficitaire de 2.510,6 millions de dinars tunisiens à cause d’une hausse plus importante des importations (+23,7%) comparativement à l’évolution des exportations (+4,7%). De plus, la croissance demeurera molle avec une hausse attendue de 2,3% en 2017 qui sera loin de faire face à la hausse du chômage.
Selon les experts du FMI, «cette conjoncture économique exige une riposte urgente et énergique afin de maintenir la stabilité macroéconomique et de doper la création d’emplois». Pour cela, elle a salué «la détermination du gouvernement d’unité nationale à agir avec célérité, guidé par les priorités de l’Accord de Carthage et le plan de développement quinquennal».
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Et c’est pour appuyer cette politique que l’équipe du FMI a donné son feu vert pour le virement de la 2e tranche du crédit d’un montant de 320 millions de dollars. Avec l’achèvement de la première revue de l’accord, le FMI appuie les efforts déployés par le gouvernement tunisien «afin de créer des débouchés économiques et des emplois pour tous les Tunisiens, de stabiliser les finances publiques dans l’intérêt des générations futures, et de protéger les populations vulnérables en cette conjoncture difficile». Il faut noter toutefois que le déblocage de ce fonds est subordonné à l’approbation du Conseil d’administration du FMI qui se basera sur les conclusions préliminaires de la mission.
En attendant, les deux parties se sont mises d’accord sur les réformes à conduire pour achever la première revue du programme de la Tunisie appuyé par le Mécanisme élargi de crédit (MEDC) approuvé en mai 2016. Le gouvernement tunisien doit ainsi poursuivre ses réformes relatives aux lois encadrants l’investissement et la concurrence, la lutte contre la corruption, les réformes des banques et des entreprises publiques, la réforme du système de retraite pour le rendre viable, etc.