Le ministère tunisien des Affaires étrangères a exprimé “sa surprise et son mécontentement” et réclamé dans un communiqué une “révision de cette classification dans les plus brefs délais”. Nombre de responsables économiques et dirigeants politiques ont mis en cause le manque de réactivité des autorités pour rassurer l’UE, en comparaison notamment avec le Maroc, un temps mis en cause mais qui ne s’est pas retrouvé sur la liste noire.
La Tunisie, interrogée sur ses procédures fiscales plusieurs mois auparavant, avait adressé en dernière minute une lettre d’intention dans la nuit précédant la réunion du conseil européen, a indiqué une source européenne à l’AFP. Elle a ajouté que l’UE a décidé de maintenir le pays sur la liste en attendant d’étudier “sérieusement” ses engagements.
Une source gouvernementale tunisienne a estimé sous couvert d’anonymat que l’UE sanctionnait ainsi “le refus officiel de la Tunisie de (…) suspendre les avantages fiscaux en faveur des sociétés exportatrices basées sur son sol”. “La Tunisie refuse toute ingérence dans sa politique fiscale (…) et elle est déterminée à continuer à accorder les avantages fiscaux à ces sociétés”, a ajouté cette source.
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De son côté, la fédération patronale Utica, tout en soulignant la “souveraineté fiscale” de la Tunisie, a appelé le gouvernement à “reprendre le dialogue avec l’Union européenne sur ce sujet et faire tout le nécessaire pour remédier à cette situation”. L’Utica a déploré une “décision dangereuse”.
Pour la puissante centrale syndicale UGTT, “cette classification n’est pas juste pour la Tunisie” et représente “un coup dur pour la transition (démocratique) du pays”.
Le syndicat a dit craindre les sanctions économiques qu’une telle décision pourrait engendrer “au moment où notre pays se prépare à entamer un nouveau tour de négociations avec l’UE dans le cadre de l’accord de libre-échange”.
Cette classification intervient alors que la Tunisie, qui ne parvient pas à boucler son budget pour 2018, a prévu dans le cadre de la loi de Finances en cours de discussion au Parlement, d’avoir recours à des emprunts.
Outre la Tunisie, figurent entre autres sur la liste de l’UE la Corée du Sud, le Panama, Bahreïn, les Emirats arabes unis ou Trinidad et Tobago.