A fin juin 2018, la dette publique tunisienne s’établit à 82,2 milliards de dinars tunisiens (1 dollar étant égal à 2,78 dinars), soit 29,56 milliards de dollars, contre 25 milliards de dinars à fin 2010. En clair, l’endettement public tunisien a augmenté de 229% depuis 2010, autrement dit, depuis la révolution des Jasmins. A ce niveau, la Tunisie affiche un niveau d’endettement de plus de 70% du PIB actuellement, contre moins de 40% en 2010, dépassant le seuil jugé tolérable par les institutions financières internationales.
Au-delà du montant, ce qui apparait réellement inquiétant, c’est le rythme de progression de la dette au cours de ces dernières années. Ainsi, à fin 2017, comparativement à la même période de l’année précédente, cette dette a augmenté de 21,73% passant de 55,92 à 68,07 milliards de dinars. Depuis le début de cette année, ce montant a augmenté de 20,75% pour atteindre 82,2 milliards de dinars.
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Ainsi, en 6 mois, le stock de la dette publique a augmenté de 14 milliards de dinars. Qu’en sera-t-il à la fin de l’année en cours quand on sait l’état des finances publiques tunisiennes, avec une économie qui a du mal à redémarrer et un déficit de la balance des opérations courantes qui reste important?
Outre le recours aux emprunts étrangers, cette progression s’explique aussi, en partie, par la dépréciation du dinar tunisien, vis-à-vis des devises étrangères (dollar, euro, livre sterling, etc.).
Sachant que la dette publique est actuellement composée à hauteur de 70% de la dette extérieure, à cause notamment du recours aux emprunts des institutions financières internationales durant ces dernières années (FMI, Banque mondiale, Banque africaine de développement, etc.), se pose alors celui du service de la dette qui ne cesse d’augmenter et amenuiser encore plus les recettes budgétaires maigres qui devraient servir à financer l’économie tunisiennes.
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Ainsi, selon les projections de l’Observatoires tunisien de l’économie, le service de la dette, c’est à dire le montant que la Tunisie doit rembourser chaque année pour honorer ses engagements auprès de ses créanciers, devrait atteindre 22% des dépenses publiques projetées au titre de l’année en cours avec un effet négatif sur le déficit budgétaire. Ainsi, le service de la dette est devenu le premier poste dépensier de l'Etat tunisien. Ce qui empiète sur les capacités d’affecter des ressources nécessaires pour financer les investissements publics, indispensables pour relancer l’économie tunisienne. Du coup, le pays est aujourd’hui engagé dans un cercle vicieux d’endettement qui créé une dépendance vis-à-vis des financements extérieurs