La dégringolade du dinar tunisien, par rapport aux devises étrangères et particulièrement à l'euro, se poursuit dans le sillage de la conjoncture économique difficile que traverse le pays depuis la révolution de 2010. Ainsi, entre le 16 décembre 2010, la veille du début de la révolution qui a emporté Ben Ali, et le 25 août 2018, le dinar tunisien s’est déprécié de 67,07% par rapport à l’euro, passant de 1,9115 dinar pour un euro à 3,1935 dinars pour le même euro. Cette dépréciation s’est surtout accélérée depuis avril 2017 et le trend baissier du dinar par rapport aux devises étrangères inquiète les opérateurs et les tunisiens. Et actuellement, tout le monde s’attend à ce qu’on franchisse la barre des 3,20 dinars pour un euro.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation dont la conjoncture économique difficile, l’instabilité politique, le creusement du déficit commercial, la baisse des avoirs extérieurs sous l’effet du déficit du compte courant, la chute des investissements, etc. Le FMI avec ses recommandations n’est pas étranger aussi à la dépréciation du dinar tunisien. L’institution ayant longtemps soutenue que le dinar était surévalué.
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La reprise de certains secteurs stratégiques de l’économie tunisienne, comme le tourisme et le secteur exportateur de l’agroalimentaire, ne suffit pas à donner du tonus à la monnaie locale.
Cette dépréciation de la monnaie tunisienne rend certains secteurs de l’économie tunisienne plus compétitive et la destination Tunisie plus attractive pour les touristes et les investisseurs. Toutefois, la conjoncture freine encore les investisseurs et si les recettes touristiques en très forte hausse en monnaie locale restent négligeables en devises étrangères.
En plus, cette chute du dinar se traduit mécaniquement par une hausse du taux d’endettement du pays, rapporté en monnaie locale. Celui-ci s’établit actuellement autour de 70% du PIB.
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En outre, la dépréciation du dinar tunisien se traduit inéluctablement par un renchérissement du coût de production des secteurs dépendants des matières premières et équipements importés. A ce titre, il faut souligner qu’environ 70% des importations tunisiennes sont constituées de matières premières dont les hydrocarbures et les céréales. Une situation qui induit une hausse des prix des produits et donc une inflation à un niveau élevé affectant inéluctablement le pouvoir d’achat des citoyens.
Face à cette situation où la baisse du dinar s’accompagne d’un creusement du déficit commercial, beaucoup d’experts pensent à la nécessité de rationnaliser les importations afin de préserver l’actuel stock en devises qui s'effrite chaque mis pour ne représenter qu'à peine 70 jours d'importation de biens. En attendant, le cercle vicieux de baisse du dinar et du creusement du déficit commercial inquiète sérieusement et les autorités ne semblent pas en mesure de freiner cette tendance baissière du dinar.