Entre le 18 et 21 avril courant, le dinar tunisien a perdu 9% de sa valeur comparativement à la monnaie unique européenne pour s’échanger à 2,6814 dinars pour 1 euro, soit son plus bas niveau historique face à la devise européenne.
Cette dépréciation du dinar tunisien est justifiée par l’ampleur du déficit commercial qui ne cesse de s’aggraver. Pour les deux premiers mois de l’année, celui-ci s’est établi à 2,5 milliards de dinars contre 1,35 milliard pour la même période de l’année dernière.
Cette dépréciation intervenant juste après la fin d’une mission du FMI, on est tentée de la relier aux recommandations de l’institution financière. Ce d’autant qu’après avoir longtemps tergiversé à verser les 300 millions d’euros de la seconde tranche de la ligne de crédit de 2,6 milliards d’euros promise sur 4 ans à la Tunisie, les équipes du FMI s’étaient empressées d'expliquer que rien ne s’opposait plus au versement de cette ligne.
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Et pour éviter de parler de dévaluation ou de dépréciation, on avance le terme de flexibilité du taux de change, la trouvaille des pays en difficulté recourant à la perfusion du FMI. Après le Nigeria, l’Egypte et tant d’autres pays, c’est à la Tunisie d'être confrontée à cette recommandation du Fonds, avec toutefois une dépréciation de sa monnaie d’une amplitude beaucoup plus faible comparativement au naira nigérian ou à la livre égyptienne. Il n’en demeure pas moins que la monnaie tunisienne s’est fortement dépréciée par rapport aux principales devises internationales.
Ainsi, le Fonds monétaire international (FMI) a beau démentir toute injonction à la Tunisie pour qu’elle dévalue sa monnaie, ses recommandations sont claires. Selon le directeur du département Moyen-Orient, Afrique du Nord et Asie Centrale au sein du FMI, Jihad Azour, face à l’aggravation du déficit commercial, l’institution de Bretton Woods a simplement recommandé à la Tunisie «une plus grande flexibilité du dinar», et non de laisser flotter librement sa monnaie. En clair, le déficit commercial record nécessite un ajustement du dinar afin de rendre les exportations tunisiennes plus compétitives et par ricochet, de réduire le déficit commercial.
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Cet ajustement est d’autant plus souhaité que la monnaie tunisienne est jugée «surévaluée d’environ 10%» et que les réserves de devises de la Tunisie sont estimées confortables. Ainsi, en l’espace de 4 jours, la surévaluation supposée par rapport aux grandes devises que sont l’euro et le dollar est effacée.
Reste à savoir si cette dépréciation s’arrêtera à ce niveau. Le patronat tunisien affiche, lui, ses craintes quant à la poursuite de la dégringolade du dinar jugeant qu’en plus du renchérissement des importations des biens d’équipement et intermédiaires, ceci impacte négativement le niveau d’endettement et le service de la dette.