L’accord entre le gouvernement de Youssef Chahed et l’Union générale tunisiennes du travail (UGTT) sur l’augmentation des salaires d’environ 150.000 fonctionnaires et la promesse de ne pas privatiser les entreprises publiques ne semblent être du goût du Fonds monétaire international (FMI).
«Il est très important que le gouvernement garde les dépenses courantes sous contrôle et qu’il maîtrise mieux la masse salariale du secteur public», a averti Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale au FMI.
Ce dernier a toujours indexé la masse salariale tunisienne, l’une des plus élevées au monde rapportée au PIB, qui est devenue un goulot d’étranglement. Ainsi, l’institution a, à maintes reprises, sollicité le gouvernement tunisien en vue de réduire le nombre de salariés de la fonction publique. La Tunisie compte environ 650.000 fonctionnaires, soit 6% de la population du pays, l’un des taux les plus élevés du monde. Quant à la masse salariale, elle tourne autour de 15% du PIB actuellement, contre 10% du PIB avant la révolution du Jasmin.
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Ainsi, selon le FMI, une réduction des effectifs de la fonction publique devrait permettre «de réduire les pressions supplémentaires qu’aurait à subir le contribuable tunisien». Seulement, la tentative de réduire 50.000 fonctionnaires dans le cadre d’un départ volontaire n’a pas abouti. Du coup, la masse salariale absorbe, à elle seule, les deux-tiers des recettes fiscales et près de la moitié des dépenses globales de l’Etat.
Avec cette sortie, le gouvernement Chahed est de plus en plus entre le marteau du FMI, principal bailleur de fonds du pays au cours de ces dernières années, et l’enclume des fonctionnaires représentés par l’UGTT.
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En effet, le Fonds a accordé en 2016 un programme d’aide de 2,8 milliards de dollars à la Tunisie, décaissé en plusieurs tranches. Les décaissements du Fonds constituent à chaque fois des bouffées d’oxygène pour le gouvernement tunisien dont les avoirs extérieurs ont fortement chuté au cours de ces dernières années, et ce d’autant plus que la dernière sortie du pays sur le marché international ne s’est pas faite dans de meilleures conditions.
Cette mise en garde tombe mal, sachant que le Premier ministre est toujours sous la pression de l’UGTT qui souhaite que l’augmentation des salaires obtenue fin octobre soit généralisée à tous les fonctionnaires, soit un effectif de près de 650 000 employés de la fonction publique. Pour mettre davantage la pression, le syndicat menace d’enclencher une grève le 22 novembre courant si le gouvernement ne répond pas favorablement à sa demande.