Moody’s vient de passer au peigne fin l’économie tunisienne. Une situation économique loin d’être au beau fixe. L’agence de notation table sur une croissance de l’économie tunisienne de l’ordre de 2,3% en 2019 et de 2,6% en 2020. Il s’agit d’une croissance modérée tirée par le bon comportement des secteurs du tourisme, de l’agriculture et des industries manufacturières.
Malgré le bon comportement de ces secteurs, le pays a du mal à renouer avec une croissance forte, seule à même de créer des emplois et réduire le taux de chômage. Outre la baisse de la productivité, cette faible croissance s’explique aussi par l’essoufflement des exportations et le niveau bas du taux d’investissement.
Parallèlement, Moody’s tire la sonnette d’alarme sur la faiblesse de la solidité financière du pays. «La dynamique des comptes courants a continué de se détériorer en 2018, exacerbant les pressions sur le financement externe et pesant sur la dynamique des réserves de change», souligne l’agence de notation.
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A l’instar du Fonds monétaire international (FMI), Moody’s souligne que la masse salariale du secteur public et les subventions limitent la flexibilité des dépenses du gouvernement. Il faut noter qu’avec plus de 650 000 fonctionnaires, soit 6% de la population du pays, la masse salariale tunisienne tourne autour de 15% du PIB, soit l’un des taux les plus élevés du monde.
Ainsi, dans le budget 2019, 16,5 milliards de dinars devront être affectés aux salaires des fonctionnaires pour un total général de 40,86 milliards. Du coup, après le budget de fonctionnement et le remboursement des emprunts, il ne reste presque rien pour relancer l’économie. Partant, le pays dépend de l’endettement extérieur pour boucler son budget.
L’agence Moody’s s’inquiète du niveau d’endettement du pays. Selon elle, le ratio d’endettement de la Tunisie a fortement augmenté entre 2017 et 2018 passant de 70,4% à 77% du PIB. Il faut dire que le pays vit depuis la révolution de 2010 sous la perfusion des bailleurs de fonds étrangers. La dette publique, à fin 2018, était en augmentation de 230% par rapport à son niveau d’avant la révolution de 2010.
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Une hausse rapide qui s’explique par l’effet combiné de la faible progression du PIB et le recours croissance à l’endettement. Une approche qui pèse lourd sachant que le montant que le pays doit consacrer au remboursement de ses engagements auprès de ses créanciers devrait se situer autour de 22% des dépenses publiques projetées au titre de l’année en cours.
En clair, dans un futur immédiat, il sera difficile pour la Tunisie de sortir de ce cercle vicieux d’endettement pour s’engager sur une croissance économique durable.