Le gouvernement tunisien souhaite relancer durablement la compagnie aérienne tunisienne Tunisair, qui traverse une crise aigue depuis une décennie. C’est dans cette optique que le gouvernement a nommé Olfa Hamdi, experte internationale en gestion de grands projets, pour mettre en place «un plan d’action stratégique pour sauver et promouvoir Tunisair, afin de faire face à la concurrence internationale, en particulier des compagnies européennes et africaines».
La compagnie, tout comme l’économie tunisienne, traverse une zone de turbulences depuis le Printemps arabe. Elle souffre de plusieurs maux, dont un cumul de déficits, nécessitant des injections massives de liquidités par l’Etat, et des effectifs pléthoriques.
La crise du Covid-19 est venue aggraver cette crise structurelle, en réduisant les recettes de la compagnie durant les 9 premiers mois de l’année 2020, à 133 millions d’euros, contre 407 millions d’euros pour la même période, l’année précédente.
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Pour faire face à la crise profonde que traverse Tunisair depuis une décennie, la nouvelle présidente directrice générale de la compagnie, Olfa Hamdi, a annoncé la mise en place d’un Comité international de conseil devant l’accompagner à relancer la compagnie plongée dans une crise profonde. Pour cela, elle s’est entourée d’un comité stratégique de conseillers indépendants, qui ont pour mission de la conseiller dans son objectif d’implémenter le plan de relance de Tunisair.
Ce Comité de conseil international est composé de neuf membres, dont des sommités du secteur de l’aéronautique, des transports aériens et de la finance.
Cinq experts internationaux font parti de ce Comité. Il s’agit de Don Carty, ancien PDG de AMR Corporation, l’entreprise-mère d'American Airlines, Hearther Peterson, ancien vice-président des opérations internationales et relations gouvernementales de Boeing, Luc Bruneau, CFA-auditeur, professeur à HEC Montréal, et ancien directeur financier de grands groupes en Algérie, Mitchell Weisberg, ancien membre de l’équipe Kaplan Norton, expert en stratégie des Fortune 500 compagnies, et Stuart Oran, ancien directeur des opérations internationales de United Airlines.
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Du côté des Tunisins, la PDG a choisi le général Mohamed Nejib Jelassi, ancien chef d’état major de l’armée de l’air tunisienne, Adel Trabelsi, expert en finance islamique et en gestion du patrimoine, Sami Zitouni, ancien directeur général de Nouvelair et Leila Ben Peterson, ancien vice-présidente des opérations internationales et relations gouvernementales de Boeing.
Ce Comité devra plancher sur plusieurs problèmes qui entravent la bonne marche de la compagnie. Parmi ceux-ci, figure la pléthore de salariés de Tunisair.
Celle-ci compte 3.500 employés, pour une flotte de 28 appareils. Du coup, la masse salariale du groupe a explosé au cours de la décennie, passant de 220 à 380 millions de dinars, contribuant à plomber les finances de la compagnie.
Plusieurs initiatives ont été annoncées au cours de ces dernières années, visant à licencier au moins 1.000 collaborateurs, mais sans succès. Mais cette fois-ci, le Secrétaire général du syndicat de l'UGTT, Noureddine Tabboubi a déclaré qu'il ne voyait pas d’objections aux licenciements dans les entreprises qui souffrent de problèmes économiques, à conditions que l’Etat nomme à la tête de ces entreprises des personnes compétentes, et que cela soit nécessaire.
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Ces deux conditions étant réunies dans le cas de Tunisair, l’UGTT a donné son accord pour le licenciement de 1.200 agents de la compagnie. Toutefois, souligne ce dirigeant syndical, c’est l’Etat qui retarde l’opération, en ne tenant pas ses engagements financiers.
Par ailleurs, le niveau d’endettement de la compagnie reste très élevé. A fin septembre 2020, la compagnie faisait face à un endettement élevé, évaluée à 297 millions d’euros, pour une liquidité disponible de 32 millions d’euros.
En outre, la compagnie doit rajeunir sa flotte, en acquérant des appareils neufs et plus performants,pour réduire ses coûts d’exploitations, encore élevés. En effet, les appareils de dernière génération consomment moins de carburant, et permettent aux compagnies de réaliser des gains substantiels sur leurs dépenses en kérosène, qui constituent l’une des charges les plus importantes des compagnies aériennes.
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De même, ce comité doit aussi analyser la nécessité ou non à ce que Tunisair soit adossée à une compagnie aérienne plus solide financièrement, comme cela a pu être évoqué au cours de ces derniers mois.
En tout état de cause, la nouvelle dirigeante de Tunisair doit réussir sa stratégie de relance, alors que la compagnie est appelée à faire face à une intensification de la concurrence, aussi bien sur le marché européen, avec l’ouverture de l'accord d'open sky, actuellement en cours de négociations entre la Tunisie et l’Union européenne, qu'en Afrique, avec le marché unique du transport aérien africain (Mutaa), qui ouvrira le ciel tunisien aux compagnies aériennes africaines.