Vidéo. Tunisie: Essebsi promet l'armée aux ouvriers qui bloquent les sites de production

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Le 10/05/2017 à 17h17, mis à jour le 11/05/2017 à 02h17

VidéoBéji Caid Essebsi, le président tunisien, a annoncé aujourd'hui mercredi 10 mai, dans un discours officiel, qu'il prévoyait de déployer les forces armées pour protéger les sites de production, régulièrement bloqués par des mouvements sociaux.

Kiosque le360afrique. Face aux mouvements sociaux qui bloquent le fonctionnement de certaines entreprises publiques, Béji Caïd Essebsi, le président tunisien, a décidé de recourir aux grands moyens. 

Désormais, certains lieux sensibles, notamment les sites d'exploitation du phosphate, la principale richesse minière du pays, seront protégés par les forces armées tunisiennes. 

Le chef de l'Etat tunisien l'a annoncé ce mercredi 10 mai lors d'un discours officiel au palais des Congrès de Tunis, devant une audience de 200 personnes, selon les agences de presse qui rapportent l'information reprise par la presse internationale. "Nous savons que c’est une décision grave, mais qui doit être prise", a-t-il dit. Il a ajouté que: "toute personne voulant manifester manifeste dans le cadre de la loi (…). La démocratie, sa condition, c’est l’Etat de droit".

Contestations tous azimuts

En Tunisie, les autorités doivent faire face à une vague de contestation sociale qui dure pratiquement depuis 6 ans, c'est-à-dire depuis la chute du régime Ben Ali. Le Premier ministre, Youssef Chahed, à la tête d'une large coalition, en a hérité et semble impuissant face aux nombreux blocages. Souvent, les ouvriers réunis en sit-in empêchent tout accès aux zones de production. 

A titre d'exemple, le site phosphatier de Gafsa est bloqué depuis 5 longues années, alors qu'il est censé être l'une des principales sources de devises du pays. D'ailleurs, Béji Caïd Essebsi l'a rappelé en ces termes: "On a quoi? On a le phosphate, le pétrole et le tourisme... On a l'agriculture". Et d'ajouter: "l'Etat doit aussi protéger les ressources du peuple tunisien". 

C'est en avril dernier que le ministre tunisien de la Défense avait, pour la première fois, annoncé cette disposition qui est différente de la loi martiale. La déclaration du président tunisien lui confère un caractère beaucoup plus solennel. 

Rassurer les Tunisiens

L'objectif de tout cet exercice est de rassurer les Tunisiens face au climat politique délétère. Cependant, chez certains, le discours a eu l'effet inverse, notamment au sein de l'opposition. Par exemple, Ridha Bel Haj, jadis très proche collaborateur de Béji Caïd Essebsi et passé dans la dissidence de Nidaa Tounés, parle de "décision négative, car l'armée est la seule institution du pays à être vraiment respectée". Selon lui, "en faisant appel à l’armée pour sécuriser les sites de production et l’impliquer dans les problèmes sociaux, le président opte pour le durcissement plutôt que pour la voie consensuelle et le dialogue national". 

Si Essebsi fait autant d'efforts, c'est parce que les Tunisiens attendent des mesures concrètes, y compris sur le plan politique. Il y a une semaine, c'est le très respecté Chafik Sarsar, président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) qui a déposé sa démission. Or, ce juriste et professeur d'université est connu pour son intégrité. C'est lui qui avait supervisé les dernières élections, la présidentielle et les législatives de fin 2014. Pour les municipales de décembre 2017, correspondant à l'anniversaire de la révolution, l'Exécutif devra lui trouver un remplaçant. Sarsar avait alors expliqué qu'il y avait, au sein de l'ISIE, de graves "désaccords internes" qui menaçaient "les valeurs et principes fondateurs de la démocratie". 

Ecoutez le discours de la controverse: 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 10/05/2017 à 17h17, mis à jour le 11/05/2017 à 02h17