Tunisie: démis pour faute grave, le président de l’ISIE refuse la sanction

Mohamed Tlili Mansri, Président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).

Mohamed Tlili Mansri, Président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).. DR

Le 29/05/2018 à 15h27, mis à jour le 29/05/2018 à 15h30

Le Conseil de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) de la Tunisie a démis son président Mohamed Tlili Mansri pour faute grave. Toutefois, l’intéressé refuse de quitter son poste avant que cette sanction ne soit validée par l’Assemblée.

Le bureau du Conseil de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a décidé de mettre fin aux fonctions de son président Mohamed Tlili Mansri, lors d’un vote effectué lors d’une réunion qui s’est tenue le lundi 28 mai 2018.

La réunion avait pour objectif de valider les résultats préliminaires des municipales dans la circonscription de Mdhila, selon le président de l’ISIE. Seulement, lors d'une réunion parallèle, les membres du Conseil de l’instance ont voté la révocation de Mohamed Mansri par 8 voix pour et une seule voix contre.

Ce limogeage a été fait sur la base de l’article 15 du règlement intérieur de l’ISIE qui stipule que le Conseil peut mettre fin aux fonctions des membres et dirigeants en cas de faute grave dans l’exercice de leurs obligations et que le président ou l’un des membres de l’ISIE peuvent être révoqués sur proposition d’au moins de la moitié des membres du Conseil.

Or, pour les membres du Conseil, le président a commis plusieurs impairs, parmi lesquels le refus de former un comité pour auditer le budget de 2017 et d’examiner les états financiers de l’instance. Pour sa part, Tlili Mansri promet de faire des révélations sur l’ISIE devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

En attendant, le président de l’ISIE refuse la sanction et annonce qu’il continuera à diriger l’instance jusqu’à ce que l’Assemblée des représentants du peuple valide cette destitution en votant à la majorité absolue de ses membres.

Pour rappel, Tlili a été élu le 14 novembre 2017 président de l’ISIE par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Il est jugé proche des islamistes d’Ennahda qui ont appuyé sa candidature soutenue par Nidaa Tounès. 

Enfin, cette destitution intervient dans un contexte politique tunisien très agité, avec en toile de fond un bras de fer entre les grands partis politiques du pays au sujet d'un remaniement gouvernemental, voire la mise en place d'un nouveau Premier ministre.

Par Karim Zeidane
Le 29/05/2018 à 15h27, mis à jour le 29/05/2018 à 15h30