Le ministre de l’Intérieur italien était en visite en Tunisie le jeudi 27 septembre dernier. Une visite qui n’a pas été du goût d’un certain nombre d’organisations de la société civile, notamment du Forum tunisien des droits économiques et sociaux, mais aussi de certains hommes politiques. Ce serait ainsi le cas notamment du Youssef Chahed, Premier ministre, qui n‘a pas daigné rencontré le sulfureux ministre italien.
En cause, selon les médias locaux, les derniers propos du ministre italien voici deux semaines, qui continuent à faire polémique en Tunisie. "Avec la Tunisie, nous sommes en train de rapatrier 80 migrants par semaine, mais même si nous en expulsions 100, cela nous prendrait 80 ans pour rapatrier tous les Tunisiens en situation irrégulière", avait soutenu Matteo Salvini. Il avait aussi ajouté que plus de 4.000 Tunisiens sont arrivés en Italie depuis le début de l’année, "alors qu’il y a ni guerre, ni famine, ni peste là-bas. Donc la raison de ces flux n’est pas claire."
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C’est cette situation qui a poussé le ministre italien de l'Intérieur à entreprendre ce déplacement en Tunisie pour demander des explications aux autorités tunisiennes sur ces flux de migrants.
De plus, Matteo Salvini a décrété la criminalisation par l’Italie des opérations de sauvetage en mer, afin de décourager les Européens qui participent au sauvetage des vies humaines dans la Méditerranée. Une déclaration qui a suscité une grande indignation dans la société civile tunisienne. Autant de raisons qui ont poussé le Premier ministre à refuser de rencontrer le ministre de l’intérieur italien.
Toutefois, en conférence de presse, Salvini a démenti que le chef du gouvernement Youssef Chahed ait refusé de le rencontrer lors de sa visite. De même, le ministre tunisien de l’Intérieur, Hichem Fourati, a lui aussi souligné que l’agenda de ce dernier ne prévoyait pas une telle rencontre. Une manière diplomatique de montrer qu’il n’ y a pas de crise.
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Mais lors d’un point de presse avec son homologue tunisien, Salvini a déclaré avoir découvert lors de sa visite en Tunisie la raison du grand nombre d’immigrés clandestins tunisiens en Italie. Pour lui, ce nombre s’explique essentiellement par le niveau du chômage qui prévaut actuellement en Tunisie.
Face à cette situation, il a promu le soutien de son pays à l’économie tunisienne et aux investisseurs italiens installés en Tunisie
Par ailleurs, le ministre italien a souligné que son pays n'était pas hostile à l’immigration, mais souhaite une immigration "légale et choisie". En clair, l’Italie souhaite l’immigration de compétences dont la Tunisie a précisément besoin pour son redécollage économique.