Karoui, qui a récolté 15,6 % des voix au premier tour le 15 septembre, est poursuivi par la justice depuis 2017 pour "blanchiment d'argent" et "évasion fiscale".
Si le parquet considère les soupçons "solides", son arrestation le 23 août, soit 10 jours avant le début de la campagne, a suscité des interrogations sur une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
Depuis sa prison de Mornaguia, près de Tunis, il a répondu à des questions de l'AFP via son avocat, évoquant notamment Kais Saied, un universitaire arrivé en tête du premier tour (18,4 %) en faisant campagne contre les partis en place et en proposant une décentralisation radicale du pouvoir.
Réactivant un clivage entre islamistes et anti-islamistes qui avait marqué la présidentielle de 2014, Karoui qualifie son concurrent de "candidat islamo-conservateur révolutionnaire qui veut changer la nature du régime".
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"Il prône un programme économique abscons inapplicable, soutenu par les islamistes ainsi que des conservateurs de tous bords qui prônent une Tunisie renfermée dans ses frontières", estime-t-il.
"Tunisie moderniste libérale"
Surprise du scrutin, Saied a touché un électorat très hétéroclite et jeune. Perçu comme conservateur sur les questions sociétales, et parfois dogmatique, il a également une image d'homme intègre.
Farouchement indépendant, il a néanmoins reçu le soutien du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, principale force du Parlement sortant, ainsi que d'autres candidats écartés, y compris parmi la gauche.
Karoui, qualifié tantôt de "populiste" incarnant les dérives du système, et tantôt de "bienfaiteur", n'a pour le moment reçu aucun soutien officiel de candidats ou partis.
Celui qui a fait campagne en se présentant comme le "candidat des pauvres" promet de poursuivre dans la voie du libéralisme économique.
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"Mon programme est l'ouverture totale de l'économie avec les réformes nécessaires pour drainer les investisseurs étrangers. Une Tunisie qui s'accroche au wagon de la 4e révolution industrielle économique, une Tunisie moderniste libérale qui protège les droits des minorités", promet-il.
S'il est élu président, écrit-il, sa priorité sera de se déplacer à Gafsa (sud-ouest), une ville minière, et trouver une solution aux mouvements sociaux qui entravent depuis 2011 la production du phosphate, un secteur stratégique pour l'économie.
Sur les questions des libertés individuelles, Karoui assure être favorable à "la majorité" des réformes sociétales proposées par la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (Colibe).
Il rejette cependant la proposition phare de la Colibe: l'égalité entre hommes et femmes en matière d'héritage, estimant que cette mesure "risque de diviser le pays (...) alors qu'il a besoin d'être rassemblé autour d'un projet économique et social".
La Colibe avait proposé en 2018 une série de réformes dont la dépénalisation de l'homosexualité, depuis restées lettre morte.
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Karoui a appelé son parti Qalb Tounes (Coeur de la Tunisie) à la mobilisation pour les législatives du 6 octobre, espérant obtenir "le premier groupe parlementaire" afin de lancer son "plan de sauvetage économique".
"Ready to business"
"Si cela se réalise, nous allons enclencher en parallèle deux initiatives de réformes qui seront inédites: sur le plan social, un pacte social contre la pauvreté, et sur le plan économique la mise en place d'une constitution économique pour rendre le pays très rapidement +ready to business+", prêt pour les affaires.
En cas de Parlement fragmenté, il assure qu'il ne "composera pas avec les islamistes", en référence au parti Ennahdha, ni avec Tahya Tounes, parti du Premier ministre Youssef Chahed, arrivé à une très modeste 5e place. Les deux hommes, issus de la même famille politique, sont à couteaux tirés, et Karoui a accusé Chahed d'avoir joué un rôle dans son arrestation, ce que le chef du gouvernement a réfuté.
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Qualifiant de "surréaliste" le dimanche du premier tour de la présidentielle, passé dans "une cellule sordide", il espère sortir "au plus vite de la prison".
Les demandes de libération des avocats de Karoui ont jusque-là été rejetées.
Des démarches ont été entamées par l'instance chargée des élections (Isie) et la télévision nationale afin de lui permettre de participer à un débat télévisé face à Saied et de faire campagne équitablement pour le second tour, prévu d'ici le 13 octobre.