Tunisie. Présidentielle: un contrat de lobbying d'un million $ pour Karoui fait polémique

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Le 03/10/2019 à 15h30, mis à jour le 03/10/2019 à 16h20

La publication par les autorités américaines d'un contrat de lobbying pour le candidat à la présidentielle tunisienne Nabil Karoui a déclenché une polémique en Tunisie, où le montant du contrat, un million de dollars, dépasse largement le seuil des dépenses de campagne autorisées.

Le département de la Justice américain a publié, dans le cadre d'une directive obligeant les lobbyistes à détailler leurs activités au profit d'étrangers, un document reçu le 26 septembre, prévoyant l'intervention d'un lobbyiste basé au Canada, Ari Ben-Menashe. Cet homme qui se présente comme un ex-agent des renseignements israéliens dirige la société de consultants politiques Dickens and Madison.

Ce document, dont la publication a été révélée par le site Al Monitor mercredi et qui a suscité depuis beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux en Tunisie, comprend un contrat dans lequel Ben-Menashe s'engage à "faire du lobbying aux Etats-Unis, en Russie, à l'ONU (...) afin d'obtenir la présidence de la République tunisienne".

"Nous nous efforcerons d'arranger une rencontre avec l'honorable Donald Trump" et le Président russe Vladimir Poutine, ainsi que d'"obtenir un soutien matériel (...) pour parvenir à la présidence", est-il ajouté.

Le prix mentionné dans ce contrat signé le 19 août, soit trois mois après l'officialisation de la candidature de M. Karoui, est de un million de dollars pour un an. Selon le document, 250.000 ont été payés le 25 septembre, et les 750.000 restants sont dus mi octobre 2019.

Ce montant dépasse largement les dépenses de campagne autorisées par l'instance chargée des élections, qui sont de 1,7 million de dinars (630.000 dollars) pour le premier tour et un million de dinars pour le second.

"Nous appelons toutes les institutions à assurer leurs responsabilités", a réagi sur Facebook un candidat de gauche, Isaam Chebbi, de l'Union démocrate sociale.

Nabil Karoui, homme d'affaires controversé arrivé en deuxième place du premier tour le 15 septembre avec 15,6% des voix, inculpé pour fraude fiscale et blanchiment d'argent, est incarcéré depuis le 23 août. Plusieurs demandes de libération pour qu'il puisse faire campagne ont été refusées par la justice. Le deuxième tour doit avoir lieu le 13 octobre tandis que les législatives auront lieu le 6.

Plusieurs autres dirigeants politiques tunisiens ont eu recours à des lobbyistes internationaux selon les documents sur les "agents étrangers" publiés par le département de la Justice, mais pour des montants moins élevés.

On y trouve plusieurs contrats concernant le parti d'inspiration islamiste Ennahdha.

La firme de conseil BCW a déclaré en août 2019 avoir été employée pour 7.500 dollars par le parti afin de l'aider à "contacter des médias et des décideurs", dont plusieurs cadres du département d'Etat.

Le cabinet de relations publiques Burson-Marsteller, qui fait parti de BCW, avait également déclaré en février 2019 avoir été employé pour contacter des élus américains et des journalistes, mentionnant des paiements de 200.000 dollars au total.

La mécène Olfa Rambourg, chef de file du mouvement Aïch Tounsi et candidate aux législatives à Bizerte, a également signé un contrat avec une firme américaine afin d'organiser des rencontres avec des décideurs économiques aux Etats-Unis et en Europe. La facture s'élève à 28.000 dollars de mai à juin 2019.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 03/10/2019 à 15h30, mis à jour le 03/10/2019 à 16h20