Tunisie. Lina Ben Mhenni: une voix de la révolution du Jasmin s'est éteinte à 36 ans

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Le 28/01/2020 à 12h16, mis à jour le 28/01/2020 à 12h18

La célèbre blogueuse tunisienne Lina Ben Mhenni, à la pointe du soulèvement ayant chassé le régime de Ben Ali en 2011, est décédée lundi à l'âge de 36 ans des suites d'une longue maladie, a-t-on appris auprès de son entourage.

Les hommages ont afflué après l'annonce du décès de cette militante des droits humains dont le nom avait circulé pour le prix Nobel de la Paix après la révolution ayant chassé Zine el Abidine Ben Ali du pouvoir.

Avant même la chute de la dictature, et malgré les risques, Lina Ben Mhenni avait durant des années témoigné sur internet des dérives du régime. Pour alimenter son blog "atunisiangirl", elle s'était déplacée dans de nombreuses villes défavorisées de l'intérieur du pays.

Munie de sa petite caméra, elle avait retransmis, via les réseaux sociaux, les premières manifestations de colère des habitants contre le pouvoir.

Après l'immolation par le feu du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010, Lina Ben Mhenni avait été la première blogueuse à se rendre à Sidi Bouzid, le berceau de la révolution.

Sa chronique de la révolution en français, anglais et arabe fut le point d'orgue de cet engagement contre la dictature.

En 2011, Lina Ben Mhenni en avait tiré un ouvrage, "Tunisian Girl, blogueuse pour un printemps arabe".

Elle avait ensuite continué son militantisme pour défendre les droits fondamentaux en Tunisie, participant malgré sa santé fragile à de nombreuses manifestations et à des procès touchant à la liberté d'expression.

Cette "voix de la révolte tunisienne", assistante en langue anglaise dans une faculté de Tunis, avait reconnu ces derniers mois vivre un calvaire, dénonçant au passage l'état des hôpitaux de la capitale.

"Icône"

Elle était restée combative jusqu'au bout --son dernier billet sur la situation politique du pays a été publié dans la nuit de samedi à dimanche.

Dès l'annonce de son décès, nombre d'internautes, élus, diplomates et représentants de la société civile ont exprimé leur tristesse.

Désigné la semaine dernière, le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a rendu hommage à une "icône" des mobilisations de la société civile.

Pour l'ex-chef du gouvernement Mehdi Jomaa, "la Tunisie a perdu aujourd'hui l'une de ses femmes libres (...), une femme qui a vécu forte jusqu'à ses derniers jours".

Selon l'ONG tunisienne Al Bawsala, "Lina était une voix libre, une militante infatigable et défenseure des libertés et de la démocratie avant et après la révolution". "Elle a lutté avec courage et détermination pour une société libre et juste", a ajouté cet observatoire de la vie publique, saluant "une femme battante".

"Lina a toujours été au premier rang dans chaque combat contre l'injustice, la marginalisation, la corruption", ont renchéri sur Facebook les militants d'une campagne citoyenne qui avait vu le jour ces dernières années contre l'amnistie --votée en 2016-- de certains actes de corruption.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 28/01/2020 à 12h16, mis à jour le 28/01/2020 à 12h18