A la veille de l'ouverture des frontières, le 26 juin dernier, la Tunisie ne comptait que quelque 1.150 cas de contamination au Covid-19, dont une cinquantaine seulement étaient actifs, et une cinquantaine de décès.
Depuis leur ouverture opérée le 27 juin, le pays connaît une flambée inquiétante des cas de coronavirus. Ainsi, à la date du 21 septembre, le pays comptait 11.260 cas confirmés au Covid-19, dont 8.719 cas actifs dont 221 hospitalisés parmi lesquels 65 en réanimation et 31 sous respiratoire artificielle. Rien que pour la journée du 20 septembre, sur 2.592 tests effectués, 528 sont revenus positifs.
Cette situation illustre la recrudescence des cas de Covid-19 en Tunisie, un pays qui figurait pourtant parmi ceux ayant le mieux maîtrisé la pandémie du coronavirus en Afrique et dans le monde, selon l’OMS, et ce jusqu’à ce que les autorités du pays décident d’ouvrir les frontières extérieures du pays dans le but de soutenir une économie quasiment à l’arrêt, notamment de sauver le secteur stratégique du tourisme.
Du coup, les experts sanitaires tirent la sonnette d’alarme. A commencer par le ministre tunisien de la Santé qui explique que face à cette recrudescence inquiétante des cas de Covid-19, les autorités tunisiennes, tout en se refusant à un confinement général pour tout le territoire à cause de ses répercussions sociales et économiques, comme ce fut le cas en avril dernier, n’écartent plus des confinements généraux dans les régions qui connaîtront une détérioration de la situation épidémiologique.
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Pour sa part, Faouzi Abbad, ancien président de la Société tunisienne de cardiologie et de chirurgie cardio-vasculaire, «la période 1 du Covid-19 allant du 2 mars au 27 juin, n’était en réalité qu’une phase d’échauffement de ce qui va survenir maintenant», avant d’ajouter, «malheureusement, nous n’avons pas pu en profiter pour établir des stratégies claires et préparer la population à cette vague», pointant du doigt l’instabilité politique qui a laissé le pays sans ministère de la Santé alors que le pays faisait face à la pandémie.
Le médecin a dénoncé le laisser-aller des autorités qu’il accuse d’avoir finalement opté pour la «stratégie» de l’immunité collective, ce qui risque d’être fatal aux personnes fragiles.
Malheureusement, la situation risque de s’aggraver dans les semaines à venir. Selon Habib Ghédira, membre du Comité scientifique de lutte contre le Covid-19, la situation épidémiologique connaîtra, très certainement, une nette détérioration, durant le mois d’octobre, si la population tunisienne continue à ignorer les règles de prévention face au coronavirus.
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L’ouverture des frontières s’est révélée rapidement source de fortes contagions. Ce, en dépit de précautions comme le classement des pays selon leur niveau de risque épidémiologique (vert, orange, rouge), l’exigence de test PCR pour les ressortissants des pays présentant un risque moyennement élevé (orange) et l’interdiction d’accès au territoire tunisien pour les ressortissants des pays classés en liste rouge.
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Il s’est avéré que les voyageurs venant des pays considérés sans risques (classés vert) ont été à l’origine de plusieurs contaminations, obligeant, tardivement, les autorités à imposer un test de dépistage à toute personne souhaitant se rendre en Tunisie.
Seulement, le mal était déjà fait et les contagions touchaient toutes les régions. Et depuis l’ouverture des frontières avec le reste du monde (le 27 juin), les cas enregistrés ont été multipliés par 10, comparativement au nombre de cas enregistrés entre mars et cette date. C’est dire que l’ouverture des frontières explique grandement l’explosion des cas en Tunisie.
Ce n'est pas le seul élément. Les autorités du pays regrettent aussi qu’une grande partie de la population rechigne à respecter les règles de prévention édictées par le protocole sanitaire, dont la distanciation physique dans les lieux publics et les endroits fermés, le port du masque, l’utilisation du gel hydroalcoolique, etc.
Une situation qui pousse les autorités à envisager le retour à un confinement général des régions particulièrement affectées par la pandémie.