Rien ne va plus entre le président Kaïs Saïed et son Premier ministre Hichem Mechichi. Et, tous les sujets entre les deux hommes deviennent sources de tensions. Dernière en date, la polémique sur un don de 500 ou 1.000 doses de vaccins anti-Covid-19 offert par les Emirats arabes unis à la Tunisie et réceptionnés par la présidence.
Ce don est à l’origine d’une véritable polémique en Tunisie. Si certains critiquent le fait d’accepter un don si négligeable, d’autres ont tiré à boulet rouge sur l’usage qui aurait été fait des vaccins reçus par la présidence après que certains médias et députés ont affirmé que ces doses avaient permis de vacciner le staff présidentiel. Ainsi, l’organisation I Watch a-t-elle appelé le président Saïed à tirer au clair la question des doses de vaccin offertes par les Emirats arabes unis, en veillant au respect de la constitution et au principe de l’égalité entre tous les citoyens. Elle a aussi dénoncé le manque de transparence de la présidence sur ce don.
Lire aussi : Tunisie: tiraillements au sommet de l'Etat, le Premier ministre limoge 5 ministres
Enfonçant le clou, Badressine Gammoudi, président de la commission parlementaire de la Réforme administrative, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, a, pour sa part, annoncé que la Tunisie n’a reçu que 100 doses offertes aux politiciens et hauts fonctionnaires de l’Etat.
Face à cette polémique, le Premier ministre a voulu se démarquer rapidement en annonçant ne pas être informé de la réception de ce lot de vaccin. Selon un communiqué, la primature n’étant pas au courant et ne sachant rien ni de l’origine, ni du respect ou non des conditions sanitaires et juridiques de ce don, a décidé d’ouvrir une enquête pour "faire la lumière sur les circonstances de l’arrivée de ces doses de vaccins et de leur distribution".
Et lançant une pique à la présidence de la République, le Premier ministre a souligné que la gestion de la campagne de vaccination est du ressort uniquement de la Commission nationale de lutte contre le coronavirus.
Lire aussi : La démocratie tunisienne à l'épreuve d'un bras de fer président-Parlement
Face à cette situation, la présidence a répliqué à travers un communiqué en apportant ses précisions. Selon la chargée de communication de la présidence de la République, Rim Gacem, dans une déclaration à l’agence officielle TAP, l’Etat tunisien a reçu 1.000 doses de la part des Emirats arabes uni. Doses mises à la disposition des services de santé militaires avec 500 doses affectées à la vaccination du personnel de la santé.
Seulement, dans un autre communiqué de la présidence, est mentionnée la réception de seulement 500 doses de vaccins de la part de Emirats arabes unis. En conséquence, une autre polémique portant sur le nombre réel de doses reçues enfle.
Cette nouvelle polémique entre la présidence et la primature intervient alors que celle concernant le remaniement n’est pas encore dépassée. Le président Saïed refusant toujours de recevoir le gouvernement remanié de Mechichi, dont certains nouveaux ministres ne seraient pas "blancs comme neige".
Lire aussi : Tunisie: le président s'oppose à l'entrée en fonction des nouveaux ministres
Du coup, les rumeurs sur un possible limogeage du Premier ministre se font de plus en plus persistance et certains médias avancent même son futur remplaçant. Une chose est sûre, ces tensions politiques au sommet de l’Etat ne peuvent perdurer au risque de paralyser tout le pays au moment où les effets de la crise sanitaire se font ressentir très fortement sur l’économie tunisienne et qu’un sursaut national est essentiel pour sortir le pays de la crise multidimensionnelle qu’il traverse depuis la chute de l’ancien président Ben Ai, il y a plus de 10 ans.