Tunisie: le chef du Parlement et 18 politiques convoqués par la justice

L'ancien président Moncef Marzouki et le chef du Parlement et président du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi.

L'ancien président Moncef Marzouki et le chef du Parlement et président du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi.. DR

Le 05/01/2022 à 20h02, mis à jour le 05/01/2022 à 20h02

La justice tunisienne a décidé mercredi de juger 19 personnalités politiques, dont le chef du Parlement et président du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, et l'ancien président Moncef Marzouki pour des infractions électorales, ont indiqué des médias locaux.

Ces personnalités politiques devront se présenter devant une chambre correctionnelle le 19 janvier, selon un communiqué du tribunal de première instance de Tunis, repris par ces médias.

En tête des convoqués, Rached Ghannouchi, en plein bras de fer avec le président Kais Saied depuis que ce dernier s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet, en gelant le Parlement qu'Ennahdha dominait depuis une dizaine d'années.

Contactée par l'AFP, la responsable juridique d'Ennahdha, Zeineb Brahmi, a affirmé qu'aucune convocation n'avait été envoyée à Ghannouchi.

Dans la liste rapportée par les médias et qui comprend plusieurs anciens candidats à la présidentielle, figurent les anciens Premiers ministres Elyes Fakhfakh, Mahdi Jomaa et Youssef Chahed, ainsi que l'homme d'affaires Nabil Karoui, rival de Kais Saied lors de la présidentielle de fin 2019.

Karoui, également chef du parti Qalb Tounes, allié d'Ennahdha, est en détention depuis septembre 2021 en Algérie avec son frère pour "entrée illégale" sur le territoire.

Une ancienne conseillère du président Béji Caïd Essebsi, la femme d'affaires Salma Elloumi, et Hamma Hamami, un opposant de gauche à l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali, font partie des personnalités poursuivies notamment pour avoir "bénéficié illégalement de la propagande médiatique, et avoir violé le silence électoral", toujours selon les médias locaux.

L'ex-président Moncef Marzouki, déjà condamné le 22 décembre par contumace à quatre ans de prison pour avoir "porté atteinte à la sûreté de l'Etat à l'étranger" après avoir critiqué publiquement la politique de Saied depuis Paris, est lui aussi poursuivi dans cette affaire.

Plusieurs opposants ont dénoncé une instrumentalisation de la justice par Saied dans le cadre d'un "règlement de comptes politique".

Ces poursuites interviennent en pleine crise politique qui secoue la Tunisie et bloque des réformes réclamées par des bailleurs de fonds internationaux.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 05/01/2022 à 20h02, mis à jour le 05/01/2022 à 20h02