Tunisie: le gouvernement s'attaque enfin au racisme après l'agression d'une congolaise

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Le 29/12/2016 à 13h03, mis à jour le 29/12/2016 à 18h23

Revue de presseYoussef Chahed, le Premier ministre tunisien a exhorté le Parlement à adopter rapidement un projet de loi contre le racisme qui dort dans les tiroirs depuis 2 ans. Trois étudiants ont été victimes d'une agression raciste, dont une Congolaise, aujourd'hui dans le coma.

Kiosque le360afrique. C'est l'émoi en Tunisie depuis samedi dernier. Trois étudiants congolais, un garçon et deux filles, ont été vicitimes d'une agression raciste à l'arme blanche à Tunis. Si le jeune homme s'en est sorti avec une blessure au bras droit, ce ne fut pas le cas pour les filles. La première, admise en réanimation, ne devrait pas tarder à sortir, tandis que la troisième, grièvement blessée, est dans le coma. Elle a été touchée au cou et au visage.

C'est ce qui a poussé Youssef Chahed a appelé le Parlement à se pencher en urgence sur une loi proposée par les associations de défense des droits des noirs depuis deux ans déjà. Quoi qu'il en soit, les actes racistes sont le lot quotien de beaucoup de noirs d'après des témoignages recueillis par le magazine Jeune Afrique auprès de quatre étudiants. "Je viens de Kinshasa et fais des études de génie informatique à l’école polytechnique méditerranéenne de Tunis", affirme Corneil Bilolo âgé de 25 ans. "Je reçois surtout des insultes, des surnoms («guerd» -«singe»-, «kahlouch», shrek, etc.) et des moqueries dans la rue ou dans des magasins", poursuit-il. 

Les étrangers originaires du continent ne sont pas les seules victimes du racisme. Les noirs tunisiens ont droit au même lot d'insultes et d'humiliations, comme le confirme Rania Belhaj Romdhane, 21 ans, originaire de Gabès et étudiante à Tunis. "Un de mes pires souvenirs remonte à mon enfance, lorsque ma maîtresse à l’école primaire m’asseyait au fond de la classe parce que ma couleur de peau la dérangeait. Elle me l’avait dit franchement, de manière humiliante et blessante, et j’ai dû supporter ce traitement durant tout l’année, à l’âge de neuf ans", affirme Rania, qui reste traumatisée à jamais.

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Dans un pays où 10 à 20% de la population sont noirs de peau et où il existe des survivances de considérations héritées d’une longue période d’esclavage, le racisme est omniprésent. Sur proposition de quelques ONG, une loi contre les dicriminations religieuses et raciales pourrait voir le jour bientôt en Tunisie. «Le texte dit clairement qu'il y a du racisme en Tunisie et que le pays est en train de lui faire face», avait affirmé Houcine El Jouziri, du parti Ennahda. "Des personnes sont insultées en raison de leur couleur de peau, d'où la nécessité de propager à travers cette proposition de loi la culture du respect de l'autre, quelles que soient sa couleur, sa religion et son appartenance".

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 29/12/2016 à 13h03, mis à jour le 29/12/2016 à 18h23