5 à 10 milliards de dollars, c’est le montant des avoirs que le clan Ben Ali –famille Ben Ali et Trabelsi- détiendrait en Europe, selon Me William Bourdon, fondateur de Sherpa, une association de protection et de défense des populations victime de crimes économiques. Pour l’Association tunisienne pour la transparence financière, ce montant dépasse la bagatelle de 17 milliards de dollars.
Le gouvernement tunisien qui fait face à une crise économique aiguë et qui vient de lancer une campagne «Mains propres» contre la corruption, qui touche particulièrement les anciens barons proches du pouvoir de Ben Ali, a plus que jamais besoin des fonds planqués à l’étranger par le clan Ben Ali.
Or, les avoirs de 48 membres du clan Ben Ali ont été gelés au niveau de l'Union européenne et le gouvernement tunisien a du mal à recouvrer ces biens à cause de la lourdeur des procédures de restitution. Les autorités tunisiennes souhaiteraient que les instances et les institutions européennes soient moins rigoristes sur le volet réglementaire afin de faciliter la rétrocession de ces biens mal acquis.
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La situation est encore plus compliquée pour la Suisse. Le fait est que les autorités de ce pays ont restitué à la Tunisie 3,5 millions d’euros appartement au clan de Zine El Abidine Ben Ali, ce vendredi 26 mai, selon l’agence Associated Press (AP). A ce montant s’ajoutent les 234.000 euros restitués par les Suisses à la Tunisie en 2016. Ce qui fait moins de 4 millions d’euros en tout.
Or, on est loin du compte sachant que le montant des avoirs du clan Ben Ali bloqué en Suisse depuis la révolution de Jasmin en 2011 est estimé à 55 millions d’euros.
A celà s'ajoute 28 millions de dollars en provenance du Liban et deux yachts d'une valeur globale de 8,5 millions d'euros restitués par l'Espagne et l'Italie.
Quant aux pays du golfe arabo-persique, ilsignorent jusqu'à présent les demandes répétés des autorités tunieiens.
La faiblesse des montants restitués jusqu’à présent illustre la complexité du processus de recouvrement des avoirs jugés illicites. Pour les autorités helvétiques, «le sort final de ces avoirs dépendra des procédures actuellement en cours en Tunisie».
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Toutefois, malgré la mise en place de mécanismes d’entraide judiciaire, le règlement des dossiers relatifs aux restitutions de biens mal acquis du clan Ben Ali n'avance guère.
En Tunisie, on pointe du doigt le manque d’expérience des magistrats, les lacunes du droit tunisien, mais aussi le manque de volonté de certains établissements financiers de coopérer. A cela s’ajoute le fait que les membres du clan Ben Ali recouraient souvent à des sociétés-écrans et à des prête-noms. Du coup, la traque visant à recouvrer les biens mal acquis est loin de produire des résultats escomptés.