Le Maroc a suspendu les vols en provenance et à destination de la Tunisie, à partir du 15 avril et ce, jusqu’à nouvel ordre. Une décision logique quand on voit la situation sanitaire que traverse ce pays qui fut pourtant, durant les premiers mois de la pandémie du Covid-19, un modèle de gestion de la lutte contre cette crise sanitaire avant d’en devenir l’un des pires exemples du continent.
La situation est telle que les hôpitaux tunisiens sont au bout de l’asphyxie. En effet, selon le ministre de la Santé, Faouzi Mahdi, lors d’une audition de la Commission de la santé au Parlement, la situation est critique à cause de l’augmentation du nombre de cas positifs au coronavirus.
>>> LIREA AUSSI: Tunisie. Covid-19: troisième vague, le ministre de la Santé tire la sonnette d’alarme
En atteste le taux de positivité au Covid-19 très élevé constaté lors des tests. A titre d’illustration, lors de la journée du lundi 12, sur 5950 tests effectués, 1664 nouvelles contaminations par le Covid-19 ont été enregistrées, soit un taux de positivité très élevé de 28%. Une situation qui s’explique par cette troisième vague qui se caractérise par l’apparition de plusieurs variants (britannique, sud-africain, nigérian,…) qui sont à 70% plus contagieux que la souche originelle et qui sont aussi plus dangereux du fait qu’elles ont environ 30% plus de chance d’entrainer des formes graves du Covid-19.
Une hausse des cas qui se répercute sur les hospitalisations. Ainsi, à la date du 12 avril, 2195 malades atteints du Covid-19 étaient hospitalisés dont 436 admis en soins intensifs et 135 placés sous respirateurs artificiels, aussi bien dans le secteur public que privé.
Lire aussi : Tunisie. Covid-19: couvre-feu assoupli malgré une hausse des morts du virus
Conséquence de cette situation, d’après le ministre de la Santé, en plus des décès en hausse, le nombre d’hospitalisations dans les services de réanimation a atteint un taux d’occupation de 90%. Et au niveau des services d’oxygène, ce taux a atteint 70%. Et il ne s’agit là que des moyennes qui cachent d’autres réalités. Dans les régions les plus touchées, on s’approche vraiment de la saturation totale des services de réanimation et d’oxygène.
Face à cette situation, les autorités comptent augmenter les capacités pour pouvoir accueillir davantage de patients testés positifs au Covid-19.
Une chose est sure, avec le Ramadan, la situation risque de s’aggraver. En effet, alors que le gouvernement avait décidé d’établir un couvre-feu nocturne à partir de 19h durant ce mois sacré, comme l’a fait d’ailleurs le Maroc, les autorités ont fini par reculer face à la pression de la société et de partis politiques qui ont finalement bénéficié de l’intervention du président Kaïs Saied en personne qui a demandé à ce que le Premier ministre revoit les horaires du couvre-feu.
Lire aussi : Le vaccin anti-Covid-19 rompt-il le jeûne? Voici l’avis du mufti de Tunisie
Du coup, l'heure de début du couvre-feu a été repoussée à 22 heures. Ce qui permet des regroupements pour la rupture du jeûne dans les cafés et restaurants et d’autres rassemblements que les professionnels de la santé, au bout du rouleau, souhaitaient ne pas vivre.
Pourtant, les mises en garde se multiplient. Dernière en date, celle de Nissaf Ben Alaya, présidente de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes (ONMNE) qui a tiré la sonnette d’alarme en soulignant que le taux de positivité est de 30% et qu’en moyenne un patient contamine deux individus, ce qui, d’après elle, est, d’un point de vue épidémiologique, très dangereux. Elle a qualifié la situation épidémiologique en Tunisie de très dangereuse expliquant que le niveau d’alerte est désormais «très élevé» dans 15 gouvernorats et 111 délégations.
Face à cette situation, la Fédération générale de l’enseignement secondaire a proposé, le mardi 13 avril, la suspension des cours pendant 10 jours, à l’exception des classes de la 9e et du baccalauréat, avançant des difficultés à appliquer le protocole sanitaire au sein des établissements scolaires et la hausse des contaminations en milieu scolaire.
Lire aussi : Tunisie: lancement de la campagne de vaccination contre le Covid-19
En attendant, la campagne de vaccination patine encore du fait d’un nombre faible de doses reçues par le pays. En tout, 154.647 personnes ont reçu une dose de vaccin et 8363 ont déjà reçu les deux doses d’un vaccin. Et, au niveau de la plateforme Evax.tn où s’enregistrent les personnes désirant se faire vacciner, on compte 1.030.609 inscrits à la date du 12 avril.
L’absence de doses de vaccins en quantité suffisante n’explique pas à elle seule cette lenteur de la vaccination sachant que le pays a déjà reçu 506.000 doses de différents laboratoires pharmaceutiques.
Enfin, soulignons que depuis l’apparition de la pandémie en Tunisie, en mars 2020, le pays a enregistré officiellement 274.604 cas de Covid-19 pour un total de 9396 décès, soit un taux de mortalité élevé de 3,42%.