Cameroun: de comptable à menuisier, le parcours d’un retraité qui «s’ennuyait» ferme comme du bois dur

Un atelier de menuiserie à Yaoundé, au Cameroun.

Le 05/10/2023 à 14h20

VidéoEntre l’oisiveté forcée et la nécessité de faire bouillir la marmite, Joseph Kenfack n’avait pas l’embarras du choix. Une fois à la retraite, cet habitant de Yaoundé s’est converti à la scie et au bois après plus de 30 ans passés dans une entreprise en qualité d’expert comptable. Devenu menuisier et charpentier, il tente d’échapper à la précarité dans laquelle vivent beaucoup de retraités camerounais.

Joseph Kenfack, 63 ans, 1,83 mètres, 90 kilos, voilà pour le physique. Mais évocation de son parcours professionnel, l’exercice risque d’être un peu plus compliqué.

Le sexagénaire a passé près de la moitié de sa vie, 32 ans, dans une entreprise parapublique spécialisée dans la fourniture de biens et services. Une entreprise basée à Douala avec des représentations dans chaque chef-lieu de région et de département.

Joseph y a travaillé comme agent décisionnaire, cadre d’appui et haut cadre d’administration en sa qualité d’expert-comptable, un titre acquis grâce à sa persévérance et son long parcours.

Cette carrière lui a permis d’assurer une éducation scolaire de qualité à ses 12 enfants. Il a entamé sans jamais pouvoir l’achever, la construction de sa maison dans la banlieue de Yaoundé.

Une fois à la retraite, il s’est converti au bois et à la scie. L’ex-comptable est actuellement menuisier et se rend tous les jours à son atelier accompagné de deux jeunes recrues.

A la question de savoir comment il passé d’expert-comptable à menuisier, il répond «Quand j’ai pris ma retraite il y a 8 ans de cela, je ne savais vraiment quoi faire à la maison. Je m’ennuyais et me suis alors lancé dans le petit commerce d’accessoires de menuiserie que je livrerais aux ateliers de mon village installés dans le quartier Biyem-Assi à Yaoundé. Un jour, j’ai décidé d’apprendre et l’un de mes amis qui a accepté de me former gratuitement. Aujourd’hui, je ne le regrette pas».

Notre interlocuteur indique qu’il est désormais capable de fabriquer n’importe quel type de meuble. Il s’exerce aussi dans la charpenterie qui lui permet de gagner un peu plus d’argent.

Dans les rues de la capitale Yaoundé, les citoyens sont unanimes sur le fait que s’assurer d’une bonne retraite n’est pas chose aisée. La majorité des personnes rencontrées pointent l’insuffisance des revenus avec des salaires moins appréciables tant dans les entreprises publiques que privées.

Mais les plus prévoyants conseillent de s’affilier à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) lorsqu’on est travailleur indépendant ou encore miser sur l’épargne pour une retraite un peu plus paisible que celle des autres.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 05/10/2023 à 14h20