Tout commence en 1974 avec la création de la Société Nationale d’Electricité du Cameroun (Sonel). Cette société sera privatisée en 2001 au bénéfice d’AES Sirocco Limited, filiale de la compagnie AES Corporation qui détient 51% du capital contre 44% pour l’Etat camerounais et 5% pour le personnel. Ainsi Sonel va devenir AES-Sonel.
En 2014, suite à la défaillance dans la gestion, le fonds d’investissement britannique Actis prend le contrôle 56% du capital et l’Etat conserve ses 44%. AES-Sonel prend alors la dénomination de Enéo Cameroon SA. En 2017, Actis revoit sa participation à 51%, l’Etat conserve ses 44% et les employés actionnaires bénéficient de 5% du capital.
Dans une lettre datée du 22 mai dernier, Actis a confirmé la validation de l’offre de 119 millions d’euros estimés à 78 milliards de Fcfa émise par l’Etat du Cameroun pour le rachat de sa participation majoritaire (51%) dans la société Enéo Cameroon SA. A travers ce rachat, l’État camerounais devient actionnaire majoritaire avec 95% de ses parts dans le capital de l’énergiticien contre 5% pour le personnel.
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A Yaoundé comme partout dans le pays, la joie des citoyens est immense. Pour la majorité, il était temps que le Cameroun renationalise son électricité.
L’économiste Vincent Edima le dit en ces termes. «L’eau et l’énergie est un secteur de souveraineté partout à travers le monde. Je crois que l’Etat a voulu expérimenter une formule qui ne lui a pas réussi. Mieux vaut tard que jamais».
Ces déclarations de l’économiste témoignent de la volonté des Camerounais sont globalement remontés contre la privatisation des sociétés sensibles de leur pays. Il faut relever que depuis la privatisation de la Sonel, les problèmes de coupures d’électricité ont quasiment doublé sur l’ensemble du territoire national avec un impact réel sur le quotidien des citoyens.
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Car une question s’impose: cette nationalisation mettra-t-elle un terme au délestage qui a été quadruplé entre 2018 et 2021?
En mars dernier, les magistrats de la Chambre des comptes de la Cour suprême ont révélé dans un rapport récent que le nombre de délestages a été multiplié par quatre au Cameroun. «La durée moyenne d’interruption est passée de 98,5 minutes en 2018 à 142,7 minutes en 2020, avant de redescendre à 43,7 minutes en 2021».
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De plus, d’après la Banque mondiale, en 2025, dans les zones rurales du Cameroun, 75% des habitants n’ont pas accès à l’électricité bien que beaucoup résident à proximité du réseau.