Cameroun: WhatsApp, Facebook, Instagram... Quand les réseaux sociaux délient les liens sociaux

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Le 14/07/2025 à 11h38

VidéoFini le temps où communautés et familles se réunissaient pour parler de choses et d’autres des journées durant. Les réseaux sociaux sont entrés par effraction dans les mœurs et fragilisent la cohésion sociale. Certains s’en inquiètent.

Depuis l’avènement des réseaux sociaux au Cameroun, de nombreuses personnes ont changé de mode de vie. Qu’il s’agissent de recourir aux services publics, de contacter une connaissance, ces plateformes font désormais partie des habitudes de la plupart des Camerounais dont certains ont même développé une réelle addiction.

Cependant, le recours à WhatsApp, Facebook, Instagram et bien d’autres réseaux ont largement dépassé le niveau individuel et gagné des communautés entières.

Prince Ngaba Djeng, administrateur d’un groupe WhatsApp, revient sur l’origine de la création d’un groupe de discussion entre maquignons «Nous sommes des vendeurs de moutons au marché La Carrière à Yaoundé. Nous nous approvisionnons auprès des éleveurs du Nord-Cameroun. Alors, et pour un meilleur partage d’informations, j’ai trouvé utile de créer un groupe WhatsApp que j’administre depuis bientôt cinq ans», a-t-il déclaré.

De tels exemples sont légion au Cameroun. Une pratique sans conséquence majeure au vu de l’importance que ces plateformes numériques revêtent pour les activités professionnelles.

Mais ces plateformes de discussions ont largement débordé sur la sphère familiale, à telle enseigne que de nombreux traditionnalistes estiment que l’usage abusif des réseaux sociaux pourrait fragiliser la cohésion sociale au sein des familles. Onguéné Magloire, chef traditionnel de deuxième degré, est de ceux-là.

«De plus en plus, nous tenons nos réunions à travers les groupes WhatsApp. Ce qui ne facilite plus le contact physiques entre nous. Je parle des membres de ma communauté. Avant, on pouvait se rencontrer deux à trois fois par an. Aujourd’hui, à peine une fois en trois ans. Je crois qu’à cette allure, il n’y aura plus de sentiment d’amour entre frères de notre communauté».

Pour ce chef traditionnel comme pour d’autres, les rencontres physiques entre les frères et les sœurs d’une même communauté ou famille renforcent les liens de fraternités.

D’où l’appel à la prise de conscience collective pour que les futures générations ne perdent pas leurs repères fait de liens sociaux qui ont traversé les siècles.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 14/07/2025 à 11h38