Le cobalt de la République démocratique du Congo (RDC), plus grand producteur mondial de ce minerai, n’attire pas uniquement les multinationales chinoises, canadiennes ou australiennes. Cette matière première aiguise aussi l’appétit de KoBold Metals, une startup américaine qui utilise une technique de cartographie basée sur l’intelligence artificielle pour rechercher des gisements de cuivre, de cobalt, de nickel et de lithium, minerais essentiels à la fabrication de batteries pour véhicules électriques.
Dans un entretien avec l’agence Bloomberg, son PDG Kurt House dévoile son intérêt pour cette ressource stratégique de la RDC. «Nous pensons que c’est probablement le meilleur endroit au monde pour les types de matériaux que nous recherchons», affirme-t-il, non sans préciser que son entreprise avait déjà fait une offre pour obtenir un actif, qui n’a pas abouti à une transaction.
D’après lui, ce ciblage du cobalt congolais s’inscrit dans le cadre des priorités de l’administration Biden d’accroître les investissements américains sur toute la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques, pour contrer l’offensive de la Chine dans ce domaine en Afrique, surtout dans ce contexte de forte demande des composants sur le marché mondial.
Une coalition de milliardaires comme actionnaires
Si la jeune pousse fondée en 2018, basée à San Francisco, voit déjà grand, c’est parce qu’elle est soutenue par une coalition de milliardaires de renommée internationale. Dans le tour de table de ses principaux actionnaires, on retrouve le célèbre Bill Gates, à travers son fonds d’investissement vert Breakthrough Energy Ventures.
Ce véhicule financier est alimenté par des magnats tels que Michael Bloomberg, actionnaire majoritaire de Bloomberg LP, propriétaire l’agence Bloomberg, le britannique Richard Branson, ou encore Jeff Bezos PDG d’Amazon. Le PDG d’Ali Baba Jack Ma et le président de la Confédération africaine de football (CAF) Patrice Motsepe également PDG d’African Rainbow Minerals, le groupe BHP, la plus grande société minière au monde en termes de valeur marchande, figurent aussi parmi ses bailleurs.
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En Afrique, KoBold Metals n’est pas en terrain inconnu. La startup est active en Zambie, deuxième producteur de cuivre en Afrique, où elle exploite la mine de cuivre de Mingoma et de Luambe, dans le cadre d’une coentreprise avec l’entreprise australienne de capital-investissement EMR Capital et la société minière étatique ZCCM Investing Holdings.
Exploitation d’une mine de cuivre-cobalt en Zambie
En décembre 2022, les trois entités avaient annoncé un investissement de 150 millions de dollars pour développer le gisement de Mingoma. A en croire la société américaine, cette mine contiendrait 247 millions de tonnes de cuivre d’une teneur moyenne de 3,64% de cuivre, «soit des teneurs environ six fois supérieures à celles trouvées au Chili, le premier producteur de cuivre au monde».
La société américaine lorgne aussi de nouvelles opportunités dans ce pays d’Afrique australe. Fin septembre, elle avait annoncé l’exploitation d’une nouvelle mine de cuivre-cobalt d’ici 10 ans.
A noter qu’en dehors de la Zambie, KoBold Metals exploite actuellement une douzaine de concessions minières, notamment dans les provinces canadiennes du Québec, du Saskatchewan et de l’Ontario, ainsi qu’en Australie.