Candidat des Etats-Unis à la présidence de la Banque mondiale, Ajay Banga débute son périple par l’Afrique

Le candidat à la présidence de la Banque mondiale, Ajay Banga (à gauche) et Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement.

Le 08/03/2023 à 15h41

En démarrant sa tournée internationale par l’Afrique, le candidat des Etats-Unis à la présidence de la Banque mondiale confirme la place qu’occupe le continent dans la stratégie de l’institution financière internationale et son engagement à poursuivre les efforts de son prédécesseur.

Ajay Banga. Retenez bien ce nom. C’est le probable prochain président de la Banque mondiale. Il est le candidat désigné par le président américain, Joe Biden le 23 février dernier, une semaine après que son président actuel David Malpass a annoncé son départ à compter du 30 juin 2023.

Seul postulant, pour le moment, à ce siège tant convoité, cet Indo-américain, âgé de 63 ans, a décidé d’aller à la rencontre des partenaires de l’institution financière pour les rassurer et leur dévoiler les grands axes de son programme.

Une tournée internationale qu’il a débutée le 7 mars 2023 à Abidjan, où il a rencontré le président de la Banque africaine de développement (BAD) Akinwumi Adesina, ainsi que la direction et le Conseil d’administration de la Banque.

Un choix fort et «délibéré», selon un officiel américain cité par la presse locale, qui, selon lui, vise «à démontrer son engagement auprès des pays émergents et en développement». Une visite qui intervient quelques jours après l’annonce de la Banque mondiale de suspendre sa coopération avec la Tunisie, après les propos racistes prononcés par son président, Kaïs Saïed.

Au siège de BAD, basé dans la capitale économique ivoirienne, Banga a pu échanger avec le top management sur différents sujets et problématiques majeures qui concernent principalement l’Afrique. D’après l’institution panafricaine, il a évoqué la nécessité pour la Banque mondiale de développer un partenariat solide avec la BAD «afin d’obtenir des résultats transformateurs».

A l’en croire, les inégalités sociales, la tension entre l’humanité et la nature et la tendance à appliquer des solutions à court terme à des problèmes qui s’éternisent constituent les problèmes majeurs qui affectent plusieurs régions du monde. Des défis qui se sont accentués après l’avènement de la pandémie de Covid-19, la dégradation de l’environnement et l’impact de la guerre russo-ukrainienne.

Bien évidemment, Banga a évoqué le rôle déterminant du secteur privé dans la mobilisation des capitaux nécessaires pour assurer un développement économique significatif. Un univers qu’Ajay connait bien d’ailleurs, puisqu’il a exercé pendant de nombreuses années dans le secteur privé, notamment en tant que PDG de Mastercard entre 2010 et 2020. «Je sais que les partenariats public-privé fonctionnent (…) Tout le monde a un rôle à jouer, peu importe si l’expertise vient du secteur privé o, public, de la politique, de l’économie. J’ai toujours pensé que le secteur privé devait collaborer avec la société civile et le public car c’est le seul moyen de croître et de progresser», a-t-il.

Mais pour Akinwumi Adesina, cité dans le communiqué de la BAD, «cela va au-delà de l’aspect financier. Il s’agit davantage de la façon dont nous travaillons ensemble pour optimiser les ressources en engageant les gouvernements, le secteur privé et d’autres parties prenantes à apporter des changements significatifs». Il recommande en outre la mise en place d’un Conseil de sécurité mondial sur l’environnement et la biodiversité, deux préoccupations qui ne reçoivent pas l’attention qu’elles méritent par rapport à d’autres défis mondiaux tels que la guerre. «A l’échelle mondiale, il est nécessaire d’avoir une plus grande responsabilité pour lutter contre l’impact des changements climatiques, la dégradation de l’environnement et protéger la biodiversité».

Pour Ajay Banga, l’Afrique restera un partenaire privilégiée de la Banque mondiale. «Comment ne pas travailler avec un continent qui a tant de jeunes gens dont les aspirations et l’optimisme nous inspirent tous?», a-t-il déclaré, lors d’une visite d’une infrastructure financée par l’institution de Breton Woods pour améliorer l’accès à l’électricité à Yopougon, une commune d’Abidjan.

Après son séjour aux abords de la lagune Ebrié, le candidat américain, qui a déjà reçu le soutien de plusieurs pays émergents comme l’Inde, le Kenya, ou encore le Ghana, se rendra au Kenya, avant de poursuivre sa tournée en Europe, en Asie et en Amérique latine.

La Banque mondiale a toujours été dirigée par un Américain depuis sa création au lendemain de la Seconde guerre mondiale. La prochaine élection devrait se dérouler en mai 2023.

Par Elimane Sembène
Le 08/03/2023 à 15h41