Les conducteurs de mini-bus opérant sur l’axe Sud-Comoé Abidjan Sud (Gare de Bassam-Treichville) expriment depuis le lundi 3 févier leur mécontentement à travers des manifestations pacifiques arborant des banderoles rouges et ce le long de la semaine afin de se faire entendre. Ils dénoncent amandes et mises en fourrière qu’ils qualifient «d’abusives et répétées» en raison de stationnement de leurs véhicules, jugé anarchique sur le boulevard Félix Houphouët Boigny.
«Depuis plusieurs mois, nous sommes confrontés à l’inexistence d’aires de stationnement sur le boulevard Félix Houphouët Boigny, l’inexploitation des arrêts minutes que l’Autorité de la Mobilité Urbaine dans le Grand Abidjan (AMUGA) nous a octroyés. Tous nos véhicules qui travaillaient convenablement sur cet axe font l’objet d’enlèvement de la part des agents du district d’Abidjan. Ces contraintes se traduisent par une montée de tension sociale entre les transporteurs et les populations. Une grande perte pour les entreprises de transports qui font face au défi des impôts et taxes chaque année en plus qu’elles doivent payer abusivement des contraventions allant jusqu’à 300.000 fcfa. C’est inadmissible», déplore Ibrahim Koné, vice-président de la mutuelle générale des chauffeurs professionnels de le CEDEAO.
Sur le terrain, les chauffeurs sont à bout de souffle. Ils racontent leurs mésaventures avec les passagers. Portant des bandeaux rouges en signe de protestation, ils dénoncent l’interdiction de stationnement sur le boulevard, le grand carrefour de Marcory jusqu’à l’ancien Koumassi et Port-Bouët, décidée par le district autonome d’Abidjan. Cette mesure, jugée ardue et mal-préparée, plonge aujourd’hui les transporteurs dans une situation difficile, les privant de leurs espaces de stationnement traditionnels sans alternatives véritables.
«C’est très difficile pour nous, on se trouve chaque jour en train de se quereller avec nos passagers. Quelqu’un qu’on prend à Bassam et qu’on doit déposer au carrefour du camp commando, vu qu’on n’est plus autorisé à embarquer et débarquement aux points d’arrêt minute, nous sommes obligés de sauter certains arrêts et le déposer plus loin, parce que sinon, nos véhicules seront envoyés à la fourrière par les agents du district où on va aller débourser encore plus d’argent pour le retrait. Pis d’autres passagers descendent au beau milieu de la route s’exposant aux accidents de la circulation» explique Lasme Melesse Innocent, chauffeur de minicar.
Ce dernier en appellent aux autorités pour «qu’elles prennent leur responsabilité et trouver une solution idoine, sans quoi le seul recours qui s’imposera à nous c’est un arrêt de travail pour paralyser le transport les jours à venir», poursuit le transporteur relevant l’urgence d’un dialogue constructif entre les autorités et les acteurs du secteur pour remédier à cette situation.
En effet, les transporteurs de cet axe exigent des autorités, des infrastructures de stationnement modernes notamment des points d’arrêt minute et une meilleure organisation du secteur.
Mamadou Soumahoro, président de la Maison des transporteurs de Côte d’Ivoire (MTCI), précise, «nous ne sommes pas contre les reformes, mais il y a une manière de faire les choses. On ne peut pas simplement interdire les gbaka de stationner sans avoir prévu des aires d’embarquement et de débarquement ou des arrêts minutes pour les passagers. C’est pourtant pour cela que nous payons des cartes de stationnement», se plaint-il.
Une situation qui pose également problème aux passagers, comme en témoigne Bokan Henri, élève qui se voit obligé de marcher environ 2 km après les cours pour pouvoir avoir emprunter un transport pour rallier son domicile à Port-Bouët, «ce n’est pas facile. Je fréquente le lycée moderne de Sahioua et après les cours, je suis obligé de marcher jusqu’à ancien Koumassi ou au carrefour du camp commando pour pouvoir prendre un transport. Souvent nous sommes obligés de marcher jusqu’à Port-Bouët. Vraiment c’est difficile. Les autorités doivent se pencher sur le problème afin de faciliter la vie aux usagers», implore-t-il.
Au-delà de la question de stationnement, les transporteurs ont pointé du doigt un malaise plus profond dans le secteur des transports. Cette manifestation et les revendications des conducteurs de gbaka mettent en lumière les dysfonctionnements persistants dans le secteur des transports en Côte d’Ivoire.
Alors que les autorités cherchent à moderniser et à réguler ce secteur essentiel, il apparait clairement que toute réforme doit être menée en concertation avec les acteurs du terrain pour éviter de toutes ces tensions qui ternissent la réputation du secteur transport.