La justice a ordonné « la suspension et le report du congrès du PDCI dont la tenue est prévue pour le samedi 16 décembre 2023″, selon une ordonnance du juge des référés du tribunal d’Abidjan, datée de vendredi et consultée par l’AFP.
Le juge a déclaré recevable la plainte de deux militants qui dénonçaient des irrégularités sur la liste des congressistes appelés à choisir samedi entre le banquier ivoiro-français Tidjane Thiam et le maire de la commune abidjanaise de Cocody, Jean-Marc Yacé, pour diriger le PDCI.
Un important cordon policier était déployé samedi matin devant le quartier général du parti, à Abidjan, a constaté un journaliste de l’AFP.
Plusieurs dizaines de congressistes venus de tout le pays dans la nuit étaient empêchés d’entrer tandis qu’autour de l’hôtel Ivoire, où tout était prêt pour débuter le Congrès, des policiers étaient également déployés.
« Il faut rentrer calmement pour éviter les heurts avec la police. Le congrès n’aura pas lieu aujourd’hui », a déclaré Me Chrysostome Blessy, conseil juridique du PDCI, devant le QG.
Lire aussi : De retour en Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam se voit chef de l’opposition, avant la présidentielle
« Pour éviter tout risque, nous conseillons aux militants et sympathisants du PDCI d’attendre dans le calme les instructions de la direction du parti en s’abstenant de tout déplacement vers le site prévu pour le congrès », ont indiqué les équipes de M. Thiam, samedi matin dans un communiqué.
Rassemblés dans le calme derrière le cordon policier, une large majorité de militants du parti déploraient cette décision.
« On est venus pour faire vivre notre parti. On n’a plus le droit de choisir notre propre président? C’est incompréhensible » regrette Ramata Gnamien.
« Deux militants font bloquer l’élection d’un parti politique. Nous sommes dans le désarroi, nous sommes dehors, dans la rue en face de notre propre maison et on ne peut pas rentrer », ajoute, amère, Marie-Lise N’Zi, venue de Dimbokro, dans le centre du pays.
- Transparence -
Cette semaine, plusieurs cadres comme Jean-Louis Billon ou Thierry Tanoh avaient critiqué l’opacité du processus électoral.
Un troisième candidat, Maurice Kacou Guikahue, avait, lui, annoncé en début de semaine son retrait, déplorant aussi un manque de transparence.
Avec ce congrès, le PDCI espérait rajeunir son image en élisant un président sexagénaire --Tidjane Thiam et Jean-Marc Yacé ont respectivement 61 et 62 ans-- ce qui est considéré comme jeune pour exercer de hautes fonctions politiques en Côte d’Ivoire.
Son ancien dirigeant, Henri Konan Bédié, président de la Côte d’Ivoire de 1993 à 1999, est mort en août à 89 ans et n’excluait pas de se présenter à la prochaine présidentielle en 2025.
Fort du soutien d’une cinquantaine de députés sur les 63 que compte le parti à l’Assemblée nationale, M. Thiam, ancien directeur général du Credit Suisse, fait figure de favori pour devenir le nouveau chef de l’opposition et préparer 2025.
L’ancien parti unique, celui du père de l’indépendance Félix Houphouët Boigny, n’a plus accédé à la magistrature suprême depuis 1999. Un coup d’Etat avait alors chassé Henri Konan Bédié du pouvoir.
Un temps allié avec Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, le PDCI a repris sa place dans l’opposition en 2018 et a boycotté la dernière présidentielle.
« Il faut qu’il y ait le moins de casse possible. Au sortir des élections nous devons être unis pour se positionner pour 2025. Nous sommes à la croisée des chemins », espérait un cadre du parti, avant le report