Le retrait du permis de conduire pour les personnes impliquées dans des accidents de la circulation est une mesure prise par la Commission de Suspension et de Retrait de Permis de Conduire, sous la conduite du ministère des transports. Cette commission examine les dossiers des conducteurs impliqués dans des accidents et peut décider de sanctions allant de la suspension du permis pour une période donnée à son retrait définitif, en fonction de la gravité des faits.
Selon les dernières statistiques de l’Office de la Sécurité Routière (OSER), la Côte d’Ivoire a enregistré plus de 12.000 accidents en 2024, causant près de 1.300 décès et des milliers de blessés. Une situation jugée «alarmante» par les autorités, surtout après les tragiques accidents du novembre à Yopougon, au Banco, sur l’autoroute du Nord, et à Agboville, impliquant des véhicules de transport en commun et de gros camions et qui ont coûté la vie à plusieurs passagers.
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«Nous appliquons ces sanctions parce que nous pensons que nous avons déjà beaucoup sensibilisé les usagers de la route. Il faut vraiment passer à la phase de la répression. Toutes les personnes qui seront impliquées dans des accidents graves vont être sanctionnées. Comme ce fut le cas des camions impliqués dans l’accident sur l’autoroute nord qui s’est la soldé par la mort de quatre personnes. Deux deux calcinées. Le chauffeur a écopé de la suspension du permis de conduire de 15 ans», a clarifié Sacko Oumar, directeur général des transports terrestres et de la circulation.
L’application de cette mesure fait réagir dans les rues d’Abidjan. Nombreux sont les citoyens qui saluent cette décision, espérant un changement radical des comportements au volant. «C’est une bonne chose parce qu’un chauffeur ne peut pas se permettre de jouer avec la vie des passagers. Trop de chauffeurs conduisent comme s’ils étaient seuls sur la route. Il faut les punir pour qu’ils comprennent que la vie des autres compte. Ils ont la vie des gens entre les mains, ils doivent bien se comporter au volant pour ne salir la réputations des chauffeurs», affirme Koffi Aristide, passager rencontré à la gare de Yopougon Siporex.
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Du côté des acteurs du transport, les avis sont partagés. Si les syndicats reconnaissent la nécessité d’instaurer la discipline, ils plaident cependant pour un allègement des sanctions, mais également pour une meilleure formation des conducteurs.
Kouamé Germais est chauffeur de véhicule en commune entre Bingerville et Yopougon. Pour lui, les autorités doivent faire preuve de souplesse dans l’application de la mesure «Nous ne sommes pas contre la répression, mais le chauffeur ne décide pas volontairement de faire un accident. Si c’est un cas d’accident grave, c’est normal qu’il soit sanctionné. Mais dans des accidents dont les dégâts sont minimes, les dégâts ne sont pas importants, retirer le permis de conduire du chauffeur n’est pas la bonne solution, c’est comme l’envoyer au chômage», exhorte le chauffeur.
Pour les autorités, il ne s’agit pas seulement de sanctionner, mais d’éduquer, amener les conducteurs à la prise de conscience. Des campagnes de sensibilisation ont été faites, les repressions ont commencé depuis longtemps avec l’instauration du système de vidéo-verbalisation, le retrait des points sur les permis de conduire...
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En tout état de cause, tous sont d’accord sur un point: agir durement pour éviter que les routes ne continuent d’endeuiller des familles. Les sanctions peuvent aller de suspensions temporaires (de quelques mois à plusieurs années) à des retraits définitifs, et sont parfois assorties de sursis ou d’amendes. A ce jour, 3.632 permis à points ont été invalidés.
En attendant, cette mesure de retrait de permis est perçue par beaucoup comme un signal fort envoyé à tous les conducteurs pour que désormais, la route ne soit plus un terrain d’impunité.