L’Afrique en 2025: ces quelques évènements qui feront date

De nombreux évènements attendus en 2025.

Le 30/12/2024 à 16h27

Les regards sont désormais rivés sur 2025 et son lot d’évènements politiques, sportifs, sociaux, économiques… Elections, présidence de l’Union africaine, CAN, cinquantenaire de la Marche Verte, séparation de la Cedeao et de l’Alliance des Etats du Sahel, premier sommet du G20 en Afrique… marqueront l’année 2025.

Quels sont les évènements qui marqueront 2025? À défaut d’être dans les secrets des dieux, il est difficile, voire impossible, de prévoir tous les grands évènements.

Union africaine: qui sera le prochain président de la Commission ?

Qui succédera à Moussa Faki Mahamat à la tête de la Commission de l’Union africaine? La réponse sera connue en février prochain en marge du Sommet des chefs d’États et de gouvernement qui se tiendra les 17 et 18 février 2025 à Addis-Abeba, en Éthiopie. Une seule certitude, dans le cadre de la rotation au profit des cinq régions du continent, il sera de l’Afrique de l’Est et sa vice-présidente de l’Afrique du Nord. Quatre pays ont présenté leur candidat.

Ces postulants ont passé le grand oral, le «Mjadala Afrika» en swahili ou «Débat africain», le 13 décembre à Addis-Abeba pour faire connaître leurs priorités s’ils sont élus. Ces candidats sont Raila Odinga (79 ans) du Kenya, Mahamoud Ali Youssouf (58 ans) de Djibouti, Anil Gayan (76 ans) de Maurice et Richard Randriamandrato (65 ans) de Madagascar.

Ce sont les chefs d’État et de gouvernement qui désigneront le successeur du Tchadien Moussa Faki. Deux candidats partent favoris: Raila Odinga (79 ans) du Kenya, vétéran de l’opposition, cinq fois candidats malheureux à la présidentielle, et Mahamoud Ali Youssouf (58 ans), ministre des Affaires étrangères de Djibouti depuis 2005, polyglotte (français, anglais et arabe) dont la priorité est de «faire taire les armes» en Afrique.

L’élection du président de la Commission de l’Union africaine se fait par vote secret à la majorité des deux tiers des États membres ayant droit de vote. Le candidat élu aura un mandat de 4 ans renouvelable une seule fois. La présidence de la Commission est un poste clé pour influencer les politiques continentales et promouvoir la coopération entre les pays africains.

CAN 2025 au Maroc: que la fête soit belle

C’est du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026 que se déroulera au Maroc la phase finale de la 35e édition de la Coupe d’Afrique des Nations. Le tirage au sort aura lieu le 27 janvier prochain à Rabat afin de répartir dans les différentes poules les 24 équipes qualifiées.

Au-delà de sa dimension sportive, cet évènement revêt aussi une importance géopolitique et stratégique considérable pour le Maroc. Ce sera aussi l’occasion pour le Royaume de mieux préparer un évènement sportif plus grandiose encore, la Coupe du monde qu’il coorganisera avec l’Espagne et le Portugal en 2030. Étant doté des meilleures infrastructures sportives, de transport et hôtelières du continent, la fête du Maroc sera belle.

En plus, cette manifestation footballistique, l’une des plus médiatisée du monde, aura des impacts économiques significatifs avec des milliers de visiteurs attendus et une couverture médiatique qui va braquer les projecteurs sur le Royaume, devenu en 2024 la première destination touristique du continent africain.

Les chantiers ouverts pour cet évènement et ceux de 2030 auront des impacts positifs sur l’économie marocaine au cours des prochaines années en contribuant à dynamiser de nombreux secteurs stratégiques dont le BTP, le tourisme, le transport… C’est la seconde fois que le Maroc accueille la phase finale de la CAN après celle de 1988 remportée par les Lions Indomptables du Cameroun.

Cedeao-AES: la rupture sera consommée le 29 janvier 2025

Après la réunion des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) le 15 décembre à Abuja au cours de laquelle ils ont annoncé avoir pris acte de la rupture annoncée par les pays de la Confédération des États du Sahel. Si les six mois de transition n’aboutissent pas, le retrait sera alors définitif. L’année 2025 marquera le divorce entre la Cedeao et l’AES.

Concrètement, les trois pays de l’AES -Mali, Burkina Faso et Niger- cesseront d’être membres de la Cedeao à partir du 29 janvier 2025. Ainsi, la Cedeao sera amputée de 2,70 millions de km2, soit 52,84% de sa superficie et 70 millions d’habitants, soit 17% des 420 millions d’habitants de la région. Avec le départ des trois pays, la Cedeao se déleste de 7% de son Produit intérieur brut. Les trois pays de l’AES sont tous enclavés et dépendent des ports des pays de la Cedeao, notamment du Togo, Côte d’Ivoire et du Sénégal pour leurs importations et exportations.

Reste à savoir les modalités que les deux parties négocieront notamment sur certains points cruciaux comme la libre circulation des biens et des personnes, la liberté d’établissement des citoyens des deux ensembles et tant d’autres questions devant être réglées. Sur ce point, les pays de l’AES, tous enclavés, souhaitent continuer à bénéficier de la libre circulation des biens et des personnes et du libre établissement de leurs citoyens dans les pays de la Cedeao.

Les trois pays ont annoncé, la veille du sommet de la Cedeao que «la Confédération des États du Sahel (AES) est un espace sans visa pour tout ressortissant des Etats membres de la Cedeao». Mieux, «les ressortissant de la Cedeao ont le droit d’entrer, de circuler, de résider, de s’établir et de sortir sur le territoire des États membres de la Confédération. Des États du Sahel dans le respect des textes nationaux en vigueur.»

Des présidentielles à profusion, peu d’alternance en vue

Parmi les pays où les joutes présidentielles sont annoncée sont la Côte d’Ivoire, la Tanzanie, le Cameroun, les Seychelles,…

Au Cameroun, Paul Biya âgé de 91 ans dont 42 ans au pouvoir, va chercher un 8e mandat à la tête du pays en octobre 2025. Le président du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) partira favori et ce d’autant plus que le principal candidat de l’opposition, Maurice Kamto, risque de ne pas pouvoir se présenter du fait qu’il ne peut être investi par son parti, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Ayant boycotté les élections locales de 2020, le parti ne compte pas d’élus alors que c’est une condition sine qua none pour être investi par un parti politique.

En Côte d’Ivoire, par contre, la bataille s’annonce ardue. Au pouvoir depuis 2011, Alassane Ouattara, âgé de 82 ans, va certainement se porter candidat pour un quatrième mandat à la tête du pays. Toutefois, il aura cette fois-ci une véritable opposition face à lui. D’abord, il y a Tidjane Thiam (61 ans), neveu d’Houphouet-Boigny, candidat désigné du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principal parti d’opposition, et qui bénéficie d’une aura chez les jeunes particulièrement. Il y aura aussi l’ancien président Laurent Gbagbo (78 ans), si sa candidature est validée… Il faudra aussi peut-être compter sur la candidature de Jean-Louis Billon (60 ans), également du PDCI et qui conteste la désignation de Tidjane Thiam. Si les deux candidats du PDCI maintiennent leurs candidatures, cela fera plutôt l’intérêt du parti au pouvoir.

À ces élections dont les dates sont connues, il reste les pays ayant connu des coup d’État ces dernières et dont la période de transition arrive à terme. Il s’agit notamment du Mali, de la Guinée, du Burkina Faso, du Gabon… En Guinée, l’élection présidentielle prévue en 2024 devrait finalement se tenir en 2025. Au Mali, les préparatifs vont bon train et il est probable que l’élection se tienne en 2025. En tout cas, dans ces pays, aucune date n’a été annoncée pour la tenue d’élections.

Le Maroc célèbre les 50 ans de la Marche Verte

L’un des évènements qui marquera 2025 est certainement le 50e anniversaire de la Marche Verte, une grande marche pacifique lancée par le défunt roi Hassan II dans le but de récupérer les provinces du Sud du Maroc alors sous domination espagnole. Cette marche a mobilisé environ 350.000 volontaires marocains, mais aussi des étrangers venus soutenir l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc.

Cette commémoration de la Marche verte du 6 novembre 2025 aura une saveur particulière. Non seulement c’est le cinquantenaire de cet évènement, mais c’est aussi une occasion majeure pour le Maroc d’affirmer avec force sa souverainement indiscutable sur ses provinces du Sud. Des régions qui se sont totalement métamorphosées grâce aux investissements massifs dans tous les domaines (routes, ports, aéroports internationaux, universités, centres de formation professionnel, hôpitaux,…) pour les mettre à niveau des autres régions du Royaume.

Cet anniversaire intervient dans un contexte particulier marqué par le ralliement de nombreux grands pays (États-Unis, France, Espagne…) qui s’alignent désormais sur la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, estimant que le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 est l’unique solution pour résoudre un problème créé et soutenu par l’Algérie.

L’année qui s’annonce pourrait constituer une année cruciale sur la question saharienne avec les succès engrangés par la diplomatie marocaine qui continue de bénéficier des soutiens internationaux. D’ailleurs, les villes sahariennes de Dakhla et de Lâayoune accueillent actuellement de nombreux consulats de pays étrangers.

Le développement du continent au menu du Sommet du G20 en Afrique du Sud

L’Afrique du Sud, qui a pris la présidence du G20 le 1er décembre 2024, va accueillir le sommet du G20 en novembre 2025, une première pour le continent africain. Ce sommet abordera le thème: «Favoriser la solidarité, l’égalité et le développement durable.»

Cet important rendez-vous vise à relever les défis mondiaux majeurs tout en mettant un accent particulier sur le développement de l’Afrique. Il s’agit d’un «grand moment» pour «inscrire plus fermement les priorités de développement du continent africain et, plus largement des pays du Sud, à l’ordre du jour du G20», a déclaré le président sud-africain Cyril Ramaphosa, lors d’un point de presse marquant le début de sa présidence, ajoutant qu’il souhaite que cette présidence «ait une saveur africaine sur le fond des questions qui seront abordées

Ainsi, la présidence sud-africaine du G20 se concentrera sur un triple défi: pauvreté, chômage, inégalité, et développement. Rappelons que le G20 est un forum économique intergouvernemental composé de 19 pays et deux unions régionales: l’Union européenne et plus récemment l’Union africaine. L’Afrique du Sud est le seul pays africain membre du G20. Ces pays représentent 85% de l’économie mondiale, 75% du commerce mondiale et 67% de la population de la planète.

Présidence de la BAD : qui pour succéder au Nigérian Adesina

Après deux mandats consécutifs, le Nigérian Akinwumi Ayodeji Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), va céder son fauteuil. Pour lui succéder, de nombreux candidats se sont annoncés. Les candidatures sont ouvertes jusqu’à fin janvier 2025. Et pour le moment, ce ne sont pas les candidats qui manquent. Parmi les candidats déjà annoncés, figurent Amadou Hott du Sénégal (52 ans), ancien vice-président de la BAD et tout récemment envoyé spécial du président de la banque panafricaine, Samuel Munzela Maimbo de la Zambie et Ousmane Kane de la Mauritanie postulent pour ce poste. Tout comme Romuald Wadagni du Bénin, Abbas Mahamat Tolli du Tchad et Bajabulile Swazi Tshabalala d’Afrique du Sud, jusqu’à récemment vice-présidente principale de la BAD. Le Sénégalais Amadou Hott bénéficie du soutien de l’actuel président de la BAD.

En face, le Zambien Samuel Munzele Maimbo, vice-président de la Banque mondiale, est soutenu par l’influente Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en tant que candidat officiel de l’Afrique australe. Toutefois, la candidature de la Sud-africaine Bajabulile Swazi Tshabalala risque de plomber celle du Zambien.

L’Afrique de l’Ouest, qui pèse dans les votes grâce au Nigeria premier actionnaire de la BAD, sera très handicapée par la multitude de candidatures dont celle de Sénégal, du Bénin et de la Mauritanie. Le Conseil des gouverneurs de la BAD élira le successeur d’Adesina le 29 mai 2025 durant les Assemblées annuelles de la banque qui se tiendront du 26 au 30 mai prochain.

Ce Conseil comprend les 54 membres régionaux (les pays africains) de la BAD et 27 non régionaux (Etats-Unis, Canada, Japon, Corée du Sud, Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine, Inde, Brésil, Arabie Saoudite…).

Pour être élu président la BAD, le candidat doit recueillir deux majorités des suffrages exprimés: 50,01% des pouvoirs de vote des 81 membres de l’institutions et 50,01% des membres régionaux (pays africains). Chaque pays dispose d’un droit de vote en fonction de sa participation au capital de la BAD. Le Nigeria est le premier actionnaire de la banque avec 9,25% du capital et des droits de vote.

Par Moussa Diop
Le 30/12/2024 à 16h27