La tuerie a eu lieu dimanche dans l’État du Plateau, régulièrement en proie à des tensions inter-communautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l’accès aux terres et aux ressources, et qui connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences.
En outre, ces dernières années, des gangs lourdement armés ont intensifié leurs attaques dans les zones rurales du nord-ouest et du centre du Nigeria, où la présence de l’État est faible, pillant des villages, tuant les habitants et commettant des enlèvements contre rançon.
Selon le secrétaire de la Croix-Rouge de l’État de Plateau, Nuruddeen Hussain Magaji, «des centaines de miliciens d’auto-défense ont été pris en embuscade» dimanche dans le village de Kukawa. Cette attaque est survenue alors que les miliciens se regroupaient après des affrontements qui ont fait dix morts parmi les miliciens dans le village voisin de Bunyun, a précisé un habitant.
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«Selon les premiers rapports de notre personnel sur le terrain, au moins 30 corps ont été amenés dans un hôpital local, et certains blessés ont été transférés vers un hôpital de l’État voisin de Bauchi», a précisé à l’AFP Nuruddeen Hussain Magaji. «On s’attend à ce que d’autres corps de miliciens soient retrouvés dans la brousse», a-t-il ajouté.
Musa Ibrahim, un habitant de Bunyun, dans la circonscription voisine de Wase, a de son côté déclaré que «dix membres des milices ont été confirmés morts après que des bandits ont attaqué notre communauté, dimanche».
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L’identité des assaillants n’étaient pas claire, les sources faisant référence à des «bandits», un terme général utilisé au Nigeria pour évoquer les gangs criminels.
Milices d’autodéfense
Les milices d’autodéfense soutenues par le gouvernement et de groupes d’autodéfense locaux ont été créées pour renforcer l’appareil sécuritaire nigérian, tant au niveau officiel qu’informel, mais avec des résultats mitigés.
En juin, des miliciens soutenus par le gouvernement ont tué plus de 100 bandits lors d’une fusillade qui a duré plusieurs heures dans l’État de Zamfara, dans le nord-ouest du pays. Avec le soutien du gouvernement, ils ont pris d’assaut le bastion de Bello Turji, un chef de bande notoire, qui a toutefois réussi à s’échapper.
Malgré les efforts de l’armée, de la police et des groupes d’autodéfense locaux, la violence continue de sévir dans les zones rurales du Nigeria, tant de la part des bandits que des jihadistes, dont le bastion se trouve dans le nord-est.
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Les groupes d’autodéfense locaux se retrouvent souvent dépassés ou provoquent de violentes représailles de la part des groupes armés.
Bien que les bandits n’aient aucune orientation idéologique particulière et soient surtout motivés par des gains financiers, leur alliance croissante avec les jihadistes inquiète les autorités.
Depuis des années, cette région centrale du Nigeria, située à cheval entre le nord à dominante musulmane et le sud à dominante chrétienne, est le théâtre de conflits aux dynamiques complexes qui vont au-delà des simples antagonismes communautaires: rivalités foncières aggravées par le changement climatique, prolifération des armes légères et absence de réponses durables de la part de l’État nigérian.
Des querelles localisées entre individus ou petits groupes de personnes peuvent rapidement se transformer en violences de masse et dégénérer en succession de représailles.