La chanson «Tell Your Papa» («Dis-le à ton papa» en français) interprétée par Eedris Abdulkareem critique sévèrement l’administration du président Tinubu, dont les deux premières années de mandat ont été marquées par l’une des pires crises économiques depuis des décennies au Nigeria, alors qu’il entreprend des réformes économiques profondes.
Les paroles de la chanson sont adressées au fils de M. Tinubu, lui demandant de faire savoir à son père que «les gens meurent» à cause des difficultés économiques et de l’insécurité persistante causée par des groupes armés.
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Eedris Abdulkareem a publié sur son compte Instagram une lettre de la Commission nationale de radiodiffusion (NBC), dans laquelle il est indiqué que ce morceau avec des paroles en yoruba, en anglais et en pidgin est jugé «inapproprié à la diffusion en raison de sa nature choquante».
La lettre, envoyée aux stations de télévision et de radio du Nigeria pour leur demander de ne pas diffuser la chanson, est datée de mercredi.
Contactée par l’AFP, la NBC n’a pas répondu dans l’immédiat.
«Il est évident qu’au Nigeria, la vérité et la critique constructive sont toujours considérées comme un grand crime par le gouvernement», a déclaré M. Abdulkareem sur les réseaux sociaux.
Malgré une scène musicale florissante avec l’Afrobeats et une industrie cinématographique prospère connue sous le nom de Nollywood, les artistes du pays le plus peuplé d’Afrique font face à des limites à la liberté d’expression imposées par les régulateurs gouvernementaux, selon les activistes.
En réponse à l’interdiction, l’ONG Socio-Economic Rights and Accountability Project (SERAP), qui promeut la transparence et la bonne gouvernance, a menacé de poursuivre le gouvernement nigérian.
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À son arrivée au pouvoir en mai 2023, M. Tinubu a mis en place plusieurs réformes économiques, parmi lesquelles la suppression d’une coûteuse subvention sur le carburant et la révision du taux de change du naira.
Si ses partisans estiment que ces réformes sont cruciales pour stimuler les investissements à long terme dans le pays, les Nigérians ordinaires ont enduré une inflation galopante, la valeur du naira s’effondrant face au dollar et le coût des biens grimpant en flèche.
En réponse à la lettre de la NBC, Eedris Abdulkareem a publié un autre message invitant ceux qui souhaitent l’écouter à se rendre sur Internet. «On va streamer», a-t-il écrit.
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