Sénégal: le Parlement rejette une révision de la Constitution, la présidence prend acte

Bassirou Diomaye Faye, président du Sénégal.

Le 03/09/2024 à 12h36

L’Assemblée nationale sénégalaise a rejeté lundi soir un projet de révision de la Constitution porté par les nouvelles autorités et considéré comme avant-coureur d’une dissolution du Parlement. Dans un communiqué, la présidence dit prendre acte de ce rejet et veiller à la libre expression politique plurielle.

Les députés ont dit non par 83 voix contre 80 au projet de suppression de deux institutions consultatives, au terme de débats houleux diffusés sur les réseaux sociaux. Le nouveau président, Bassirou Diomaye Faye, élu en mars, et son Premier ministre Ousmane Sonko sont dépourvus de majorité à l’Assemblée nationale élue en 2022 et où continue à dominer le camp de l’ancien président Macky Sall.

Dans le système sénégalais, MM. Faye et Sonko ont besoin d’une majorité parlementaire pour mettre en œuvre les politiques de rupture qu’ils ont promises au nom d’un panafricanisme de gauche et de la justice sociale. Le président peut dissoudre l’Assemblée, mais pas avant deux années de législature.

Il pourra le faire à partir du 12 septembre, a rapporté la presse en faisant état d’un avis du Conseil constitutionnel consulté par le pouvoir. L’antagonisme a entravé l’action gouvernementale. Le Premier ministre n’a pas à ce jour prononcé de discours de politique générale devant l’Assemblée.

La présentation par le gouvernement d’un projet de révision de la Constitution apparemment voué à l’échec a largement été considérée comme le prélude à une dissolution de l’Assemblée. La révision aurait supprimé le Haut conseil des collectivités territoriales et le Conseil économique, social et environnemental. MM. Faye et Sonko ont promis l’abolition de ces deux institutions. Le ministre de la Justice Ousmane Diagne a invoqué devant les députés la nécessité de mieux employer l’argent public.

Le président «prend acte» du rejet du projet, ont dit ses services dans un communiqué. Le vote de l’Assemblée illustre «la rupture profonde entre les députés de la majorité et les aspirations populaires qui se sont massivement exprimées» lors de la présidentielle de mars, dit la présidence. Elle réaffirme la volonté de «transformation de la gouvernance publique» et de «rationalisation des dépenses».

La coalition de l’ancien président a accusé le pouvoir d’utiliser un prétexte pour provoquer des législatives et soustraire le Premier ministre à une déclaration de politique générale. Un de ses membres, Abdou Mbow, a annoncé le dépôt prochain d’une motion de censure contre le gouvernement.


Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 03/09/2024 à 12h36