Algérie: la condamnation d’une artiste franco-algérienne doit être annulée, selon des experts de l’ONU

Djamila Bentouis a été condamnée à 2 ans de prison ferme pour avoir écrit une chanson pro-hirak.

Djamila Bentouis a été condamnée à 2 ans de prison ferme pour avoir écrit une chanson pro-hirak.

Le 30/09/2024 à 15h00

La condamnation «abusive» par l’Algérie d’une artiste franco-algérienne pour «appartenance à une organisation terroriste», en lien avec sa participation au mouvement de contestation du Hirak, doit être annulée, ont estimé quatre rapporteurs de l’ONU lundi.

«Nous sommes profondément préoccupés par le maintien en détention de Mme Djamila Bentouis, la condamnation en juillet dernier à deux ans de prison et à 100.000 dinars algériens d’amende (676 euros) pour sa participation au mouvement de protestation sociale Hirak», ont déclaré ces experts indépendants dans un communiqué.

Ils demandent à la cour d’appel algérienne d’annuler «la sentence abusive prononcée» et de «l’innocenter de toutes les charges qui pèsent sur elle, qui sont contraires au droit international».

«Nous sommes outrés par la pratique du gouvernement, consistant à museler un mouvement de contestation politique en arrêtant et détenant arbitrairement des personnes qui osent s’élever et s’exprimer», ont relevé les quatre experts, mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU mais qui ne s’expriment pas au nom de l’organisation.

«Nous sommes outrés par la pratique du gouvernement, consistant à museler un mouvement de contestation politique»

—  Experts de l'ONU

Le Hirak avait démarré en février 2019 par des manifestations pacifiques s’opposant à une cinquième candidature du président Abdelaziz Bouteflika (déchu en avril 2019, décédé en septembre 2021), avant de s’élargir à des revendications de réformes politiques et de libertés accrues.

Mme Bentouis, mère de trois enfants, était venue de France faire ses adieux à sa mère mourante en Algérie et avait été interrogée à son arrivée à l’aéroport d’Alger, le 25 février 2024, puis de nouveau les jours suivants avant d’être placée en détention le 3 mars, alors âgée de 60 ans, avait indiqué en avril la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme.

Sa détention, en lien avec une chanson qu’elle avait composée pendant le Hirak, avait également été rapportée par le Comité national de défense des détenus (CNLD).

Par ses poèmes et chants patriotiques, Mme Bentouis a participé au Hirak car ses textes ont été repris par les manifestants algériens et elle a enregistré certaines chansons sur ce mouvement, expliquent les experts de l’ONU, parmi lesquels figure Irene Khan, rapporteuse spéciale sur la liberté d’opinion et d’expression.

«La poursuite de Mme Bentouis pour terrorisme en vertu de l’article 87 bis et d’autres infractions liées à la sécurité nationale dans le code pénal peut porter atteinte à la liberté d’expression et d’association en Algérie de manière plus générale », ont-ils averti.

«Nous espérons vivement que l’Algérie respectera ses obligations internationales en matière de droit à la liberté d’expression lors de la décision en appel de ce cas devant le Conseil Judicaire d’Alger le 2 octobre prochain».


Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 30/09/2024 à 15h00