Alors que le président Abdelmadjid Tebboune n’a cessé de glorifier son bilan au terme de son premier mandat à la tête de l’Algérie, un indicateur suffit à montrer son échec et le malaise croissant que vivent les Algériens: la hausse significative des citoyens algériens candidats à la migration clandestine. En effet, ces migrants, essentiellement des jeunes, sont poussés par le désespoir et tentent, par tous les moyens et en prenant tous les risques, de gagner les côtes espagnoles avant de rejoindre la France, leur principale destination. Fait notable, parmi ces candidats figurent de nombreux diplômés et des familles entières.
En effet, si les projecteurs sont plutôt braqués sur les drames occasionnés par les tentatives vaines de rejoindre les îles Canaries à partir des côtes ouest-africaines, monopolisant toute l’attention des médias, il n’en demeure pas moins que la «route migratoire algérienne» est un chemin vers l’Espagne de plus en plus emprunté, rapporte RFI.
«La route algérienne correspond à l’ensemble des départs d’embarcations illégales depuis l’Algérie surtout depuis quatre villes principales: Alger, Oran, Mostaganem et Chlef. Les points d’arrivée se trouvent sur la côte est de l’Espagne, à Almeria, ou au sud, jusqu’à Murcie, Alicante, voire Ibiza, aux Baléares», explique RFI.
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Du fait de la courte distance séparant les côtes algériennes et espagnoles, les candidats à la migration clandestine utilisent plusieurs types d’embarcations, notamment des pateras en fibre dotées de moteurs de 40 à 60 chevaux. Malgré une capacité d’accueil de 10 personnes, ces embarcations en transportent souvent le double.
Globalement, pour cette traversée, les candidats déboursent entre 2.000 et 4.000 euros. Les plus fortunés recourent aux go fast, des embarcations à très grande vitesse, généralement utilisés par les trafiquants de drogues et qui permettent de relier les deux côtes en un laps de temps court, multipliant ainsi leur chances d’arriver à bon port avec moins de risque d’être appréhendés par les garde-côtes espagnols. Pour ce mode de traversée rapide, il faudra débourser le double du tarif demandé pour les pataras.
Selon les statistiques fournies par l’ONG Acnur, se sont 8.000 migrants ayant emprunté la «route algérienne» qui ont débarqué sur les côtes espagnoles entre le 1er janvier et le 31 août 2024. Durant toute l’année 2023, ce nombre s’était établi à 10.639 migrants. Preuve que cette vague de migrants ne cesse de croître, selon cette même source, près de 800 Algériens sont arrivés la première semaine de septembre sur les côtes espagnoles à bord de petites embarcations dont des jeunes, des enfants, des femmes… La période estivale est la plus propice aux départs de migrants grâce à conditions météorologiques plus clémentes.
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Cette hausse significative de la migration clandestine est incontestablement l’un des meilleurs indicateurs de la pression sociale qui sévit en Algérie. Un pays qui regorge pourtant de ressources gazières et pétrolières, mais dont les dirigeants sont incapables d’impulser une véritable dynamique économique à même de redonner l’espoir aux jeunes et de créer des emplois pour les désespérés.
Malheureusement, ces traversées massives s’accompagnent de leur lot quotidien de morts. Selon les médias algériens, jamais le pays n’a connu des départs aussi importants de migrants clandestins via cette «route algérienne» depuis la fin du Hirak, expliquant cela par le désespoir et le manque de perspectives politico-économique avec la réélection de Tebboune. Du coup, pour les jeunes en quête d’une vie décente, le seul espoir se trouve de l’autre côté de la Méditerranée.
La «route algérienne» est aujourd’hui très sollicitée par les candidats à la migration en Afrique du Nord après l’assèchement de celle du détroit de Gibraltar reliant le Maroc aux côtes espagnoles à cause d’une surveillance accrue du côté marocain.
C’est tout le contraire côté algérien où un relâchement de la surveillance des côtes est noté entrainant une hausse des tentatives de migration clandestine.