Les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l'Arabie saoudite, et leurs dix partenaires conduits par la Russie sont à la croisée des chemins.
Après les coupes sombres décidées au printemps 2020 pour faire face à la chute de la demande liée à la pandémie, l'alliance a retrouvé ses niveaux de production d'avant la crise sanitaire - du moins sur le papier.
Il lui faut donc décider de la suite. En temps normal, elle aurait pu s'en tenir là mais face à la pression de Washington, ce scénario est peu probable.
Après le voyage de Biden
Le président américain s'est rendu mi-juillet dans le royaume saoudien, qu'il avait pourtant promis de traiter en "paria" après l'assassinat en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi.
Un voyage très controversé dont l'un des objectifs était de convaincre Ryad d'ouvrir davantage les vannes d'or noir pour stabiliser le marché et apaiser l'inflation.
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La réunion de l'Opep+ permettra de savoir s'il y est parvenu ou pas.
«L'administration américaine semble anticiper de bonnes nouvelles mais c'est difficile de déterminer si c'est basé sur des garanties reçues pendant son séjour», note Craig Erlam, analyste chez Oanda, interrogé par l'AFP.
«Il ne serait pas surprenant de voir les Saoudiens annoncer quelque chose que Joe Biden pourrait vanter comme une victoire auprès de ses électeurs», pronostique Stephen Innes, chez SPI Asset Management.
Hausse marginale en vue
Selon l'institut de recherche londonien Energy Aspects, l'Opep+ devrait prolonger l'accord actuel pour continuer à augmenter le volume de pétrole. Une décision qui doit être prise à l'unanimité des membres et augure donc d'une rencontre plus longue que d'habitude.
Prévue par visioconférence, elle doit débuter à 13H00 GMT (15H à Vienne, siège du cartel).
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Mais les analystes ne prévoient pas de forte hausse, dans la lignée de la politique actuelle.
Car l'Opep+ doit aussi tenir compte des intérêts de Moscou, aux antipodes de ceux de Washington.
Ryad «marche sur un fil», résume Tamas Varga, analyste chez PVM Energy. Il s'agit de permettre aux Etats-Unis de sauver la face tout en ménageant la Russie pour assurer la pérennité de l'alliance.
En outre, toute annonce d'une offre plus ambitieuse serait «accueillie avec scepticisme par le marché, compte tenu des contraintes déjà évidentes au sein du cartel», lance Han Tan, chez Exinity.
Car en pratique, l'Opep+ échoue régulièrement à remplir ses quotas et peine à atteindre les volumes atteints avant la paralysie générée par la pandémie.