Le Venezuela, traversé par une crise aigue, ne parvient plus à satisfaire la demande de ses clients en pétrole, parmi lesquels Cuba. La Havane s’est donc naturellement tournée vers son allié africain, l’Algérie. Mais l'accord que les deux pays ont signé le 31 janvier est d’une nature particulière. En effet, Alger, qui manque de médecins spécialisés et qui fait face à des troubles au niveau de son secteur de la santé, a convenu avec Cuba, qui fait face à une pénurie de devises, d'échanger du pétrole contre des médecins.
Selon les termes de cet accord, rapportés par Reuters et l’agence officielle cubaine Prensa Latina, Cuba va importer 2,1 millions de barils de pétrole algérien au titre de l’année en cours. Alger fournira également du pétrole à La Havane entre 2019 et 2021 sans donner plus de précisions sur les quantités en question.
En contrepartie, Cuba enverra des médecins spécialisés en Algérie. Ainsi, Cuba gardera les devises dont il a grandement besoin pour ses importations.
Pour rappel, la présence de médecins cubains dans plus de 60 pays du monde constitue actuellement la première source de devises du pays, devant le tourisme.
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L’Algérie y trouve son compte. En effet, cet accord signé par le ministre algérien de la Santé Mokhtar Hasbellaoui intervient dans un contexte particulier.
D’abord, Alger est confronté depuis deux mois à une vague de protestation des médecins résidents. Ainsi, l’arrivée des médecins cubains permettra au gouvernement algérien d’atténuer la pression des grévistes et de soulager le secteur de la santé.
Par ailleurs, cet accord permettra de pallier la crainte d'un départ massif des médecins algériens vers la France. En effet, depuis novembre 2017, un décret exécutif français permet aux médecins étrangers d’obtenir une autorisation d’exercice «temporaire» en France.
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Depuis, Alger craint que cette décision n’entraîne une vague de départs et une saignée dans le secteur qui fait déjà face à un déficit de spécialistes. 13.500 médecins algériens exerceraient déjà en France.
Les autorités algériennes avaient déjà pris des mesures pour contrer ces départs massifs. Ainsi, le Conseil de l’ordre des médecins algériens avait annoncé que les demandes d’attestation d’exercice et de bonne conduite étaient suspendues jusqu’à nouvel ordre. Une manière de bloquer d’éventuels candidats au départ.