Alors que toute l'attention des Algériens est tournée vers Louisa Hanoune, arrêté jeudi 9 mai dernier, le régime algérien semble se durcir davantage en multipliant les arrestations, malgré les virulentes critiques. Le dernier à avoir été mis sous les verrous est le général Houcine Benhadid, depuis hier, dimanche 12 mai.
Pour l'heure, les autorités algériennes n'ont pas indiqué les raisons de son arrestation. En revanche, son avocat a donné quelques explications sur les raisons et les circonstances de son interpellation et les évènement qui ont précédé celle-ci.
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Dans un entretien accordé au site d'information Tout sur l'Algérie, Me Bachir Machir indique que son client a été placé sous mandat de dépôt à la prison de El Harrach, après avoir été simplement interpellé par des agents des "services de sécurité (...) qui lui ont demandé de le suivre".
Il est accusé de faire d'avoir fait une communication par voie de presse qui "affecte le morale des troupes", affirme cet avocat.
Ce qui est relativement curieux, c'est que, selon cet homme de loi, le général à la retraite a été arrêté parce qu'il a écrit une lettre publiée dans le quotidien El Watan, dans le but d'aider le général Ahmed Salah.
"Je l’ai interrogé sur les raisons de la rédaction de sa lettre. Il m’a dit qu’il faut qu’on soutienne Gaid Salah, qu’on soit à ses côtés et qu’on l’aide. Qu’il ne faut pas qu’on le laisse seul", raconte l'avocat.
Toujours selon son avocat, Houcine Benhadid ne connaissant aucune "personne de confiance" qui puisse "remettre la lettre en mains propre à Ahmed Gaïd Salah" a préféré la publier dans la presse "pour être sûr que le général la lira".
Mais ce serait, en fait, les gens que le général Gaïd Salah nomme "al Issaba" ("la bande"), qui souhaite se maintenir au pouvoir qui en auraient fait une fausse lecture.
Quoi qu'il en soit, cette nouvelle arrestation est l'ultime preuve que la machine répressive lancée par Ahmed Gaïd Salah n'est pas sur le point de s'arrêter.
Si au début, le chef d'état-major de l'armée algérienne prétendait répondre à la demande de la rue, qui exigeait l'arrestation des principaux responsables de la déchéance du pays, notamment Saïd Bouteflika et son entourage, désormais, de plus en plus de personnes qui se sont toujours montrées critiques envers le régime, sont arrêtées.
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C'est le cas de la militante Louisa Hanoune, leader du Parti du Travail (PT -opposition), dont les membres de sa formation affirment ne pas savoir où elle se trouve.
Le général Houcine Benhadid est une nouvelle illustration de cette stratégie du tout-répressif.
Ce dernier avait d'ailleurs été condamné en mars 2018 à un an de prison avec sursis et à 20.000 dinars d'amende, pour s'être montré très critique envers l'armée.
En 2015-2016, il avait passé 10 mois en prison, avant d'être libéré pour des raisons liées à sa santé.
Houcine Benhadid a, en outre et à maintes reprises, adressé des critiques à Saïd Bouteflika qu'il a accusé de vouloir "destructurer " toutes les institutions pour "rester au pouvoir".
Dans sa lettre ouverte publiée dans El Watan, ce général retraité interpellait Ahmed Gaïd Salah sur "l'unique solution de sortie de crise" possible et qui ne pouvait être que "politique".
Malheureusement, le vice-ministre de la Défense n'a visiblement pas voulu de ce précieux conseil. Houcine Benhadid l'apprend, en ce moment même, à ses dépens.