Après cinq entraîneurs étrangers en six ans, le football algérien s'en remet à son ancienne vedette Rabah Madjer, nommé sélectionneur mercredi, pour remettre sur les rails les Fennecs, absents du Mondial-2018 après un parcours d'éliminatoires désastreux.
Agé de 58 ans, l'ancien attaquant, qui a donné son nom à une célèbre talonnade, succède à l'Espagnol Lucas Alcaraz, limogé le 11 octobre après un mandat d'à peine six mois, terminé prématurément sur l'échec à qualifier la sélection pour le grand raout russe.
Icône du football algérien, il devient le 5e sélectionneur de l'Algérie en trois ans et le premier algérien depuis Abdelhak Benchikha (2010-2011).
Sélectionné 87 fois entre 1978 et 1992, Madjer a participé à deux Coupes du monde (1982 et 1986) et a remporté la Coupe d'Afrique des nations (1990), la seule gagnée par l'Algérie.
L'Algérois de naissance a également remporté la Coupe d'Europe des clubs champions, l'ancêtre de la Ligue des champions, avec Porto en 1987, grâce, en finale, à une mémorable talonnade dos au but, geste technique auquel il a laissé son nom.
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Ballon d'or africain la même année, il a déjà occupé le poste de sélectionneur de l'Algérie en 1994-1995, puis de 2000 à 2002. Longtemps en froid avec les instances dirigeantes du football algérien, il était devenu en mai conseiller technique du président de la Fédération (FAF) Kheïreddine Zetchi.
Madjer devra redresser une équipe nationale éliminée sans gloire en début d'année au premier tour de la Coupe d'Afrique des nations au Gabon, incapable de gagner une rencontre lors des éliminatoires pour le Mondial-2018 et qui a dégringolé au 67e rang mondial du classement Fifa publié lundi.
Déjà critiqué
L'Algérie cherche désespérément depuis trois ans un successeur à Vahid Halilhodzic, "héros national" parti à l'issue du Mondial-2014, durant lequel les Fennecs avaient effectué le meilleur parcours de leur histoire - défaits en 8e de finale en prolongations face à l'Allemagne, future championne du monde.
Après avoir usé quatre entraîneurs étrangers - le Français Christian Gourcuff (resté moins de deux ans), le Serbe Milovan Rajevac (trois mois), le Belge George Leekens (trois mois) et Lucas Alcaraz (six mois)-, la FAF a décidé de privilégier la piste algérienne.
Secondé par deux adjoints, l'ancien sélectionneur national Meziane Ighil et l'ancien international algérien, Djamel Menad (de 1980 à 1995), Madjer, avant même de prendre ses fonctions jeudi, est la cible de critiques d'une partie de la presse et des réseaux sociaux.
"Ce choix fait désordre", estimait dimanche, alors que sa nomination était acquise, le quotidien francophone El Watan, rappelant "la longue +hibernation+ de l'ancien coach national et ex-joueur vedette de l'équipe nationale qui n'a plus fréquenté les terrains et le banc depuis au moins une dizaine d'années, si ce n'est plus".
En effet, l'ancien joueur n'a plus officié comme entraîneur depuis un passage au club qatarien d'Al-Rayyan lors de la saison 2005-2006.
Selon Nabil Neghiz, ex-entraîneur national adjoint, Madjer "est resté longtemps à l'arrêt alors que le football a beaucoup évolué et les mentalités ont changé".
"L'EN (la sélection nationale, ndlr), c'est énorme. Ce n'est pas un petit club", a-t-il déclaré à la radio nationale. "Un entraîneur doit être tout le temps en exercice, en activité et en formation. Le haut niveau ne pardonne pas".
Mercredi, le quotidien sportif Compétition titrait néanmoins: "Madjer: les raisons d'y croire".